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il y a 4 mois

Lors de l'émission Face à l'Info du 17/06, la journaliste Gabrielle Cluzel est revenue sur les drapeaux arborés en France.

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00:00Bien écoutez, d'une archipélisation galopante de la France qui ne se reconnaît plus en un seul drapeau,

00:06à chacun son drapeau, donc en toute logique à chacun sa nation.

00:10Alors donc, s'agissant de Saint-Denis, le drapeau a été hissé vendredi sur le fronton de la mairie

00:15à l'issue d'une manifestation de soutien à la cause palestinienne par le maire socialiste Mathieu Anotin,

00:22accompagné pour l'occasion de l'ambassadrice de Palestine, Allah Abu Asira.

00:27Alors, il est censé avoir été décroché hier, puisqu'il était là pour trois jours, théoriquement,

00:33mais le but est atteint, on voyait un énorme clin d'œil à son électorat,

00:38preuve qu'il n'y a pas que LFI qui fait du racolage grossier,

00:41il faudrait que Jérôme Gage fasse bien de balayer aussi devant sa propre porte socialiste.

00:48Alors, il faut dire que les municipales approchent, ça c'est une réalité,

00:52et il y a une autre mairie, celle de Gennevilliers, tenue par le maire PCF, Patrice Leclerc,

00:58qui a pavoisé aussi sa façade avec un drapeau palestinien.

01:01Là aussi, le PCF, ce n'est pas la France insoumise.

01:05Et donc, ils disent qu'ils font ça par solidarité, ils nous disent, ces maires.

01:09Mais alors, c'est bizarre, ils n'ont pas pavoisé le 7 octobre leur mairie avec le drapeau israélien.

01:15Il n'y avait pas de solidarité, à moins qu'en réalité, ils ne soient pas tout à fait suicidaires non plus.

01:21Alors, justement, ceux qui les défendent invoquent une notion de neutralité du service public à deux vitesses.

01:28On a vu en effet les drapeaux ukrainiens fleurir au fronton de nombreuses mairies.

01:33On a vu les drapeaux LGBT.

01:35On a vu aussi les drapeaux israéliens sur la mairie de Nice, par exemple.

01:39En effet, si on avait établi une bonne fois pour toutes que seul le drapeau français a le droit de flotter sur les bâtiments publics,

01:46ce serait plus simple, un critère objectif qui pourrait être opposé à tous.

01:50Sauf que c'est un peu comme les minutes de silence, faute de critères objectifs, ce sont des critères subjectifs.

01:56Donc, comment ça le fait pour certains ? On doit le faire pour d'autres.

01:59Chacun veut sa minute de silence, chacun veut son drapeau.

02:02C'est le signe d'un morcellement qui grandit à une vitesse exponentielle.

02:07Et il y a mille autres façons, en réalité, de montrer sa solidarité avec un autre peuple.

02:13Alors, on peut faire un historique.

02:14Tout a commencé avec le drapeau européen, mis au même niveau que le drapeau français.

02:19Quand il ne le remplace pas, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais en 2022, au moment du sommet de Versailles,

02:25Emmanuel Macron avait carrément exclu le drapeau français, existe le drapeau français.

02:29Il n'y avait plus que le drapeau européen sous l'arc de triomphe.

02:32Quand même, à côté, au-dessus du cénotave du soldat inconnu, c'était quand même assez particulier.

02:40Alors, on peut rappeler que quand un soldat tombe pour la France, justement, en opération extérieure,

02:46son cercueil aux Invalides est sain du drapeau tricolore, pas du drapeau européen.

02:51Il meurt pour la France et pas pour l'Europe.

02:54Alors, pendant un certain temps, les tribunaux administratifs ont résisté à ces drapeaux multiples sur le fronton des bâtiments publics.

03:03On se souvient qu'en 2005, le Conseil d'État s'était opposé à un drapeau indépendantiste sur une mairie de Martinique.

03:09Il y avait vu une revendication politique.

03:12Même chose en 2011 à Voix-en-Velin, il y avait un drapeau palestinien, le tribunal administratif s'y était opposé.

03:19Et puis, il y a eu un revirement de jurisprudence, pourrions-nous dire.

03:22En 2018, à l'occasion de la Marche des Fiertés, François de Rugy a décidé de pavoiser l'Assemblée nationale et le Sénat d'un drapeau LGBT.

03:36Et la maire de Paris en a fait de même sur son hôtel de ville.

03:39Et là, le Conseil d'État a décrété que le drapeau arc-en-ciel ne portait pas de message politique.

03:46Il a même dit qu'il y voyait un intérêt touristique local.

03:51Alors, on peut dire qu'à Saint-Denis aussi, le drapeau palestinien a un intérêt local.

03:54Vous voyez, ça c'est assez clair.

03:57Même chose en 2022 pour les drapeaux ukrainiens.

04:01Le tribunal de Versailles a considéré qu'il s'agissait d'un symbole de solidarité envers une nation victime d'une agression.

04:08Et en ce qui concerne le drapeau israélien à Nice, le recours en référence avait été rejeté en 2023, considérant que ce n'était pas une urgence.

04:15Et là, le préfet des Alpes-Maritimes vient de demander au maire Christian Estrosi de retirer ce drapeau.

04:21Et une circulaire, en fait, se prépare dans tout le département pour demander le retrait de tous les drapeaux étrangers.

04:27Parce qu'évidemment, ça commence à devenir extrêmement compliqué.

04:31Gabriel, à contrario, le drapeau français, lui, ne fait pas l'unanimité.

04:37Et parfois, aborder le drapeau français, c'est être frachot.

04:40Absolument. Alors, avant de venir, j'ai vu la réflexion d'un chanteur, Hugo Frey, dans le Figaro, qui a dit

04:47« Mais c'est quand même incroyable dans ce pays. On ne fait aucun cas du drapeau français.

04:52C'est même mal perçu. Quand on compare ça avec le drapeau américain, c'est absolument incroyable. »

04:57Et on se souvient, c'était, je crois, dans les colonnes du JDD en décembre 2024,

05:02le youtubeur français très influent Thibaut Hineshaib devait se justifier d'avoir posé dans une salle de sport

05:07avec, au fond, un drapeau français. Il s'était fait trotter de fachos, de tout ce que l'on veut.

05:12Il a donné des millions de gages depuis, mais néanmoins, ça lui colle à la peau.

05:17Et puis, il y a un an, lors d'un rassemblement à Nantes anti-RN,

05:22vous savez, c'était après les élections européennes,

05:23visiblement, certains avaient du mal à accepter les résultats des européennes,

05:27eh bien, un drapeau qui pavoisait une fenêtre avait été arraché par les manifestants,

05:32avait fait l'objet de jets de projectiles.

05:34Je rappelle que dans ce cortège, il y avait notamment des gens de la CGT.

05:37En revanche, il y avait toujours dans ce cortège beaucoup de drapeaux palestiniens

05:41et là, visiblement, ça ne dérangeait personne.

05:44Et pourtant, il y a quand même une loi qui stipule qu'un outrage public au drapeau

05:50est censé être puni de 7500 euros d'amende et six mois d'emprisonnement.

05:55Et ce qui est terrible, c'est qu'on sait aujourd'hui de quel bord en France

05:58est une manifestation quand on y arbore des drapeaux français.

06:03Et c'est quand même assez particulier parce que quand on n'arbore pas le même drapeau,

06:07c'est qu'on ne combat pas pour le même pays ni pour la même cause.

06:12Et si l'on remonte loin en arrière, c'est un exemple que je donne souvent,

06:15mais il me frappe, pendant la guerre de 1914,

06:18eh bien, le très radical député du Cantal, Paul Doumer, a perdu un fils.

06:24Le très catholique et conservateur député de l'Aveyron,

06:28Édouard de Castelnau, a aussi perdu un fils.

06:30Ils sont morts sous le même drapeau.

06:32Tout semblait les séparer, mais il partageait ce sacrifice pour la France,

06:35donc commun.

06:36Et c'est ainsi que se cimentait l'unité nationale,

06:41malgré les dissensions.

06:43Et donc, il y a un changement de paradigme tout à fait considérable.

06:46On se souvient, on peut faire là aussi un bref historique,

06:49on se souvient que le comte de Chambord, en 1871,

06:51il avait préféré laisser passer la fenêtre d'une restauration

06:55plutôt que d'adopter le drapeau beubleur rouge.

06:57Il était très attaché au drapeau blanc,

06:59c'était pour lui le drapeau de François Ier,

07:01de Jeanne d'Arc, de Henri IV.

07:04Et donc, à la fin du XIXe siècle,

07:07le pavillon tricolore, c'était la gauche,

07:09c'était au contraire la révolution,

07:11c'était la notion de fin d'ancien régime.

07:15Et puis, pendant la guerre de 1914,

07:17beaucoup de poilus et puis d'officiers très anciens régimes

07:20ont porté sur la poitrine ce drapeau

07:23avec ce qu'ils appelaient le cœur sacré du Christ,

07:28frappé d'un cœur rouge.

07:29Et c'est vrai que le catholique servait sa patrie.

07:31C'était inscrit dans le catéchisme jusqu'au sacrifice suprême.

07:35Et au début du XXe, il y a eu une bascule.

07:37Cette gauche, qui jusque-là était attachée à son drapeau,

07:40est devenue anti-militariste, anti-colonialiste.

07:43Et elle s'est détournée de ce drapeau,

07:45comme elle s'est détournée du patriotisme.

07:47Alors, en mai 68, je ne vous en parle même pas,

07:49c'était terrible.

07:50Et après le Bataclan, on a connu un regain d'intérêt,

07:54même à gauche, pour le drapeau français.

07:56Je me souviens que François Hollande avait recommandé

07:58de pavoiser ses fenêtres du drapeau français.

08:00Mais c'est vite passé.

08:02Et c'est désormais un lointain souvenir.

08:04Donc aujourd'hui, la gauche ne manifeste plus qu'avec

08:06des drapeaux palestiniens ou, à la limite, algériens.

08:09Donc il y a une certaine ironie avoir accusé

08:12la France insoumise, les catholiques, de séparatisme.

08:16Parce qu'il y avait quand même plus de drapeaux

08:19bleu-blanc-rouge au pèlerinage de Chartres

08:20que dans dix ans de manif réunis de la gauche récente.

08:26Et c'est vrai qu'on peut quand même s'interroger

08:29sur ces décisions des tribunaux administratifs

08:31dans un pays qui est en train, encore une fois,

08:33de se communautariser en voie de dislocation.

08:36Parce que ça conduit évidemment à précipiter

08:39cette dissolution.

08:41Et c'est vrai que le but serait de précipiter

08:43cette dissolution nationale.

08:46Il ne s'y prendrait pas autrement.

08:47Sous-titrage Société Radio-Canada

08:52Sous-titrage Société Radio-Canada

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