00:00L'invité d'ici matin, Jeanne-Marie Marco, est le président de l'interprofession des vins du Sud-Ouest.
00:04Il est vigneron d'Angers à Saint-Mont.
00:06Bonjour Joël Bouaille.
00:09Bonjour.
00:10On vous invite parce qu'ici Occitanie a pu visiter le premier centre de désalcoolisation de vin
00:15qui est un vic faisant sac dans Angers.
00:19D'abord, est-ce que je peux vous demander ce que vous pensez du vin sans alcool ?
00:22Est-ce que vous trouvez ça bon, vous ?
00:26C'est différent d'un vin classique.
00:28Ça surprend lorsqu'on a notre palais habitué à boire du vin alcoolisé, normal.
00:35Et lorsqu'on goûte un vin sans alcool, on a le sentiment, oui, qu'il manque quelque chose,
00:40que ça manque d'épaule, ça manque d'épaisseur.
00:43C'est l'alcool qui n'y est plus.
00:45Donc ça surprend.
00:46Et après, je pense que c'est surtout qu'il ne faut pas se mettre dans la situation,
00:51dans sa tête, de comparer à du vin.
00:53C'est complètement différent.
00:54Mais ça ressemble plus à du vin ou plus à du jus de raisin ?
00:58Ah non, on a les parfums du vin, parce que ça a été du vin avant d'être désalcoolisé.
01:04Et certains sceptiques même qui disent, autant faire du jus de raisin si on fait du vin sans alcool.
01:10Non, c'est différent.
01:12Ça a été du vin, et donc il y a quelques touches, quelques parfums qui rappellent le vin quand même.
01:18Et donc ça n'a rien à voir avec du jus de raisin.
01:21Est-ce que vous pouvez nous expliquer avec des mots relativement simples, Joël Boy, comment est-ce qu'on désalcoolise un vin justement ?
01:28Alors la désalcoolisation, elle se fait sous vide, parce que c'est une distillation en fait.
01:35Comme pour de l'Armagnac par exemple, la distillation permet de faire avaporer l'alcool, sauf qu'en le faisant sous vide, au lieu de monter à des températures très élevées, qui pourraient aussi dégrader les arômes, ça peut se faire à des températures beaucoup plus.
01:52Et l'effet de vide fait que l'alcool s'évapore beaucoup plus vite, et on perd moins d'arômes.
01:59Et donc ça permet de garder les qualités un peu originelles de parfums du vin justement.
02:06C'est une niche encore, vous sauriez me dire, quel pourcentage de vignerons du Sud-Ouest se mettent au sans alcool 100% ?
02:14Ah oui, là c'est vraiment une toute petite niche dans le monde du vin effectivement.
02:20On est à moins de 1% aujourd'hui du marché du vin qui est représenté par le vin sans alcool.
02:27Mais sans doute que c'est un pourcentage qui va être appelé à évoluer dans les années.
02:33Je n'en doute pas une seconde.
02:35Est-ce qu'à l'interprofession des vins du Sud-Ouest, on réfléchit aussi à réduire le degré des vins d'alcool ?
02:43Est-ce qu'il y a une solution au niveau des vendanges notamment qui se déroule en ce moment ?
02:47Alors, il n'y a pas une solution mathématique comme ça, construite de toutes parts.
02:56En fait, c'est lié au cépage qu'il y a des réactions différentes.
03:00Mais en tout cas, on sait que les vins, tels qu'on les a toujours produits jusque-là,
03:06ont des solutions de consommation de plus en plus réduites.
03:09D'où la déconsommation de vins en France.
03:12Et que pour s'adapter, on doit imaginer d'autres pistes.
03:16Alors, ce que vous avez visité avec Faisal-Sac est un outil qui permet soit de faire de la désalcoolisation totale,
03:24soit de faire de la désalcoolisation partielle.
03:26Parce qu'aujourd'hui, on peut faire des vins IGP, par exemple.
03:29L'IGP Comté de Poulosan, qui est l'IGP régional pour les vins du Sud-Ouest,
03:34peut être partiellement désalcoolisé, c'est-à-dire que c'est des vins qui vont faire entre 6, 7, 8 degrés.
03:41Et puis après, on a d'autres entreprises qui se dirigent vers des vins un peu plus naturellement bas en alcool,
03:49donc autour de 9 degrés.
03:51Et dans ce cas-là, c'est un suivi particulier des parcelles au vignoble
03:56pour pouvoir les récolter juste au moment opportun,
03:59pour avoir naturellement ces degrés plutôt faibles.
04:01Un dernier mot important.
04:02Ça, c'est des choix d'entreprise.
04:04Un dernier mot important sur les récoltes qui ont démarré.
04:07Vous avez commencé les vendanges manuels hier dans vos vignes de Saint-Moy, à l'Ouest du Gers.
04:11Il y a beaucoup de pertes, Joël Boy.
04:12Oui.
04:14Ah oui, oui.
04:15Quantitativement, cette année, nous serons sur un tout petit millésime.
04:20On est tous les jours à moins 25, moins 30 % par rapport à des estimations visuelles.
04:26Et donc, ça veut dire que toute cette période sans eau qu'on a eue du 15 juin au 20 août,
04:34la plante s'est nourrie de l'eau qu'elle avait stockée dans les raisins.
04:38Et on vendage maintenant des raisins qui pèsent beaucoup moins.
04:41Il y a moins de jus.
04:43Et donc, on a des pertes de rendement qui surprennent les vignerons et qui nous attristent en même temps parce qu'on ne s'attendait pas à ça.
04:52Mais par contre, pour le coup, maintenant, on a un temps gris, plutôt frais, au moment des vendanges.
04:58Et là, pour terminer les maturités, on a des conditions idéales.
05:01Donc, on espère que qualitativement, si le rendement n'est pas au rendez-vous, la qualité sera là.
05:06On vous souhaite de la qualité malgré ces 30 % en moins sur les codes de Gascogne.
05:11Merci beaucoup Joël Boy, président de l'interprofession des vins du Sud-Ouest et président des vignerons, coopérateur de France.
05:16On souhaite à tous de belles vendredes.
