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État du Mexique
Sinaloa
Le Sinaloa est un État fédéré du Mexique, situé dans le nord-ouest du pays, sur la côte du Pacifique, entre les latitudes 22° et 27° nord. Il est bordé au nord par le Sonora, à l'est par le Chihuahua et le Durango, au sud par le Nayarit, et à l'ouest par l'océan Pacifique. Sa superficie est d'environ 58 000 km², ce qui en fait un État de taille moyenne à l'échelle nationale. Il possède une longue façade maritime d'environ 650 kilomètres, qui influence fortement son climat, son économie et sa géographie humaine.

Le relief de Sinaloa est principalement divisé en deux grandes zones : les montagnes de la Sierra Madre Occidentale à l'est, et les plaines côtières à l'ouest. La Sierra Madre pénètre dans l'État par sa partie orientale avec des altitudes qui dépassent souvent les 2000 mètres, notamment dans la région du municipio de Badiraguato. Ces montagnes sont profondément entaillées par des vallées, des canyons et des rivières, formant un territoire accidenté, difficile d'accès, qui reste partiellement isolé. Cette région est couverte de forêts de pins, de chênes et d'espèces subtropicales, et constitue une réserve écologique importante.

Les plaines de l'ouest, en revanche, sont plates, alluviales et extrêmement fertiles. Elles sont traversées par trois grands fleuves : le Río Fuerte au nord, le Río Sinaloa au centre et le Río Culiacán plus au sud. Ces cours d'eau prennent leur source dans les montagnes et alimentent un réseau dense de canaux d'irrigation, qui permettent une agriculture intensive. La vallée du Fuerte, la vallée de l'Évora et celle du Culiacán sont parmi les plus productives du pays. Les rivières se jettent dans le Pacifique en formant des deltas, des lagunes côtières et des zones humides, riches en biodiversité.

Le littoral est caractérisé par une alternance de plages, de lagunes, de marais salés et d'estuaires, notamment ceux de Huizache-Caimanero, Santa María-La Reforma et Topolobampo. Ces écosystèmes sont vitaux pour la pêche, l'aquaculture et la conservation des espèces marines et migratoires. Les ports de Mazatlán, Altata et Topolobampo sont également des centres logistiques clés, avec des activités de pêche, de commerce et de tourisme.

Le climat du Sinaloa varie entre tropical subhumide sur la côte et semi-aride à tempéré dans les zones montagneuses. Les températures moyennes varient entre 22 et 30 °C selon la saison, avec des pointes estivales dépassant les 40 °C dans les plaines. Les précipitations sont concentrées entre juin et septembre, pendant la saison des pluies, sous l'effet de la mousson du Pacifique. Cette répartition inégale des pluies influence directement la gestion de l'eau et l'agriculture.

La géographie humaine du Sinaloa s'organise autour de plusieurs centres urbains majeurs : Culiacán, la capitale, située au centre de l'État; Mazatlán, sur la côte sud, connu pour son port, ses plages et son industrie touristique; et Los Mochis, au nord, centre agro-industriel et point de départ du train touristique El Chepe, qui traverse la Sierra Tarahumara jusqu'à Chihuahua. Ces villes concentrent la majeure partie de la population, qui est globalement répartie de façon inégale entre la plaine densément peuplée et les montagnes peu habitées.

Le Sinaloa possède des ressources naturelles variées : des ressources agricoles abondantes grâce à ses sols fertiles et à l'irrigation maîtrisée, des gisements miniers dans les montagnes (or, argent, cuivre), une grande biodiversité marine, ainsi qu'une faune terrestre riche dans les zones montagneuses. Cette géographie contrastée a aussi contribué à l'isolement de certaines régions, en particulier les zones rurales de la Sierra Madre, souvent associées à des cultures illicites en raison de l'inaccessibilité et du climat favorable.

L'interaction constante entre les éléments montagneux, côtiers et fluviaux fait de Sinaloa une entité géographique unique, avec des enjeux écologiques, économiques et sociaux spécifiques. Son territoire joue un rôle central dans les flux agroalimentaires du Mexique, tout en représentant un défi constant en matière d'aménagement du territoire, de gestion des ressources naturelles et de développement équilibré.

Quelques-unes des principales villes du Sinaloa

Culiacán est la capitale et la plus grande ville du Sinaloa. Elle est située au centre de l'État, dans la vallée fertile formée par les rivières Tamazula et Humaya, qui confluent pour former le Río Culiacán. Grâce à cette position stratégique, la ville est au coeur de la zone agricole la plus productive du Sinaloa. Elle est un centre administratif, commercial, industriel et éducatif majeur. Culiacán abrite plusieurs universités de renom, dont l'Universidad Autónoma de Sinaloa. Son économie repose principalement sur l'agro-industrie, la transformation alimentaire, les services financiers, ainsi qu'un secteur commercial dynamique. Elle est également connue pour son urbanisme, sa vie culturelle et ses contrastes socioéconomiques.

Mazatlán est la deuxième ville la plus peuplée de l'État et l'un des principaux ports du Pacifique mexicain. Située au sud-ouest de Sinaloa, sur la côte, elle possède une riche tradition maritime et touristique. Fondée au XVIe siècle, Mazatlán s'est développée autour de ses fonctions portuaires, de la pêche commerciale et de la construction navale. C'est aussi l'un des pôles touristiques les plus importants du pays, connu pour ses plages, son carnaval, ses zones hôtelières modernes et son centre historique colonial. L'économie de Mazatlán combine le tourisme, la pêche, le commerce portuaire et, dans une moindre mesure, l'industrie alimentaire et chimique. Le port de Mazatlán est aussi une porte d'entrée maritime vers les marchés du Pacifique et le corridor économique vers Durango, grâce à l'autoroute et au pont Baluarte.

Los Mochis, au nord de l'État, est une ville jeune fondée à la fin du XIXe siècle par des colons nord-américains, notamment dans le cadre d'un projet agricole pionnier. Elle est aujourd'hui un centre agro-industriel très actif, situé dans la vallée du Fuerte, l'une des plus fertiles du Mexique. Son développement repose sur une agriculture mécanisée de grande échelle, la production de sucre, de légumes et de fruits destinés à l'exportation. Elle est également un point de départ logistique clé, connectée au port voisin de Topolobampo et à la voie ferrée Chihuahua-Pacífico (El Chepe), qui traverse la Sierra Tarahumara jusqu'à Chihuahua. Son urbanisation est moderne, et elle joue un rôle régional central dans le commerce, les transports et les services.

Guasave est située dans la région centre-nord de Sinaloa, entre Los Mochis et Culiacán. Elle est un centre agricole important (tomates, haricots, pois chiches et pastèques). La ville est aussi connue pour son activité d'élevage et pour ses installations de traitement de produits agricoles. Guasave entretient également une tradition sportive dynamique, notamment dans le baseball,

avec son équipe locale bien connue. Bien que de taille moyenne, elle joue un rôle économique significatif au sein de la région agricole.

Navolato est une ville proche de Culiacán, insérée dans l'une des zones les plus intensément irriguées du Mexique. Elle est surtout connue pour la culture du maïs, des légumes et des fleurs, ainsi que pour l'élevage et la production laitière. Son économie repose fortement sur l'agriculture intensive. Malgré sa proximité avec la capitale, elle conserve une identité propre, avec des traditions rurales fortes et une croissance modérée.

El Fuerte est une ville historique située au nord de Sinaloa, près de la Sierra Madre Occidentale. Elle fut un centre colonial important, notamment au XVIIIe siècle, et elle conserve aujourd'hui un riche patrimoine architectural. Classée Pueblo Mágico, El Fuerte attire le tourisme culturel et écologique, notamment grâce à son architecture coloniale, ses légendes locales et sa proximité avec les communautés indigènes Yoreme. C'est aussi une porte d'entrée vers les montagnes de la Barranca del cobre.

Escuinapa, au sud de l'État, proche de la frontière avec Nayarit, est une ville à vocation agricole et aquacole. Elle se distingue par la culture de mangues, de cocotiers et de bananes, ainsi que par la pêche côtière et l'élevage de crevettes. Sa proximité avec les zones de marais et lagunes en fait un centre de production halieutique important, même si sa croissance urbaine reste modeste.

Salvador Alvarado, dont la principale ville est Guamúchil, est situé dans la vallée de l'Évora, au nord de Culiacán. Guamúchil est un centre régional de commerce, d'agro-industrie et de services. Elle se distingue aussi par son rôle dans l'histoire politique locale et par sa vie culturelle active. Bien que moins grande que d'autres villes de l'État, elle occupe une place stratégique dans le tissu économique de la région centre-nord.

Rosario, au sud de Mazatlán, est une ville historique fondée à l'époque coloniale en lien avec l'exploitation minière d'or et d'argent. Elle conserve un patrimoine architectural colonial remarquable, notamment des églises et des places anciennes. Aujourd'hui, son économie repose sur l'agriculture, la pêche, le tourisme patrimonial et l'exploitation de ressources naturelles.

Mocorito, au nord de Guamúchil, est également un Pueblo Mágico reconnu pour son centre historique bien préservé, son artisanat, sa culture littéraire et sa gastronomie régionale. C'est un centre culturel important, souvent appelé le « berceau des écrivains sinaloenses ».

Histoire du Sinaloa.
Le territoire qui constitue aujourd'hui l'État du Sinaloa fut habité depuis des millénaires par plusieurs peuples autochtones, notamment les Cahitas, qui regroupaient les Mayos, les Yoremes et les Tehuecos. Ces populations vivaient principalement le long des rivières Fuerte, Sinaloa et Culiacán, où elles pratiquaient l'agriculture, la pêche et l'artisanat. Le maïs constituait la base de leur alimentation, accompagné de haricots, courges et piments. 

L'arrivée des Espagnols à la fin du XVIe siècle entraîna une transformation radicale de la région. En 1531, Nuño de Guzmán lança une campagne violente dans le nord-ouest du Mexique, incluant le Sinaloa actuel. Cependant, la colonisation effective fut lente en raison de la résistance indigène et des difficultés géographiques. À partir du XVIIe siècle, les missions jésuites commencèrent à s'établir dans la région, notamment dans les vallées fertiles et les zones montagneuses de la Sierra Madre Occidentale. Les missionnaires jouèrent un rôle crucial dans la conversion religieuse et l'organisation agricole des peuples autochtones, tout en préparant le terrain à la domination coloniale.

Le Sinaloa fit partie de la province de Nueva Galicia, puis, plus tard, de l'Intendance de Sonora y Sinaloa sous l'ordre administratif espagnol. Le territoire se développa surtout autour de l'exploitation minière dans la Sierra Madre et de l'agriculture dans les vallées côtières. Plusieurs villes, comme Culiacán et El Fuerte, devinrent des centres administratifs et commerciaux. Toutefois, le contrôle colonial resta partiel dans les régions montagneuses, où certaines communautés indigènes conservèrent leur autonomie relative.

Après l'indépendance du Mexique en 1821, le Sinaloa fut intégré à l'État de Occidente, une entité qui englobait également Sonora. En 1830, cette entité fut divisée, et Sinaloa devint un État libre et souverain de la fédération mexicaine. Le XIXe siècle fut marqué par une instabilité politique continue, des conflits entre libéraux et conservateurs, et des révoltes locales. La région fut également affectée par les guerres contre les envahisseurs français et américains, bien que son éloignement du centre du pays ait limité les batailles directes sur son sol.

L'économie de Sinaloa se transforma progressivement au cours du XIXe siècle grâce à la culture du coton, de la canne à sucre, du maïs et du blé dans ses vallées fluviales. Le développement des infrastructures, notamment les routes commerciales et les ports, renforça son intégration économique. Néanmoins, les inégalités foncières restèrent marquées, la majorité des terres étant concentrée entre les mains de quelques familles ou compagnies étrangères.

Pendant la Révolution mexicaine, Sinaloa fut le théâtre d'importants affrontements. Plusieurs chefs rebelles émergèrent de cette région, dont Ramón F. Iturbe et Ángel Flores. Les soulèvements paysans, souvent motivés par les abus des grands propriétaires et l'absence de réformes agraires, furent fréquents. Après la victoire des forces révolutionnaires, le gouvernement fédéral lança des campagnes de redistribution agraire, qui modifièrent la structure foncière de Sinaloa, bien que de manière inégale selon les régions.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, Sinaloa se transforma en un des pôles agricoles les plus importants du Mexique. Grâce à ses systèmes d'irrigation, ses terres fertiles et ses conditions climatiques favorables, la région connut un véritable boom agro-industriel. Des produits comme la tomate, le piment, le melon, les haricots et le maïs devinrent des marchandises d'exportation, en particulier vers les États-Unis. La vallée de Culiacán et celle de l'Évora se développèrent comme des centres agroalimentaires majeurs.

En parallèle, le Sinaloa acquit une notoriété moins souhaitable en devenant un épicentre du narcotrafic au Mexique. Dès les années 1960, des réseaux de production et de trafic de marijuana, puis d'héroïne et de méthamphétamines, s'y établirent. Le Cartel de Sinaloa, l'un des plus puissants au monde, émergea dans ce contexte, consolidant un pouvoir parallèle fondé sur l'intimidation, la corruption et la violence. Les zones rurales isolées et montagneuses de l'intérieur de l'État furent particulièrement utilisées pour la culture et la transformation des drogues.

La violence liée à la guerre contre le narcotrafic, lancée au niveau national en 2006, toucha durement la population du Sinaloa. Des affrontements entre cartels rivaux, des opérations militaires, des déplacements forcés et des atteintes aux droits humains devinrent fréquents, en particulier dans les municipalités rurales et les villes frontalières des États voisins.

Malgré ces défis, le Sinaloa demeure aujourd'hui une région dynamique avec un tissu économique diversifié. Culiacán, la capitale, est un centre universitaire, industriel et agricole en croissance. Les ports de Mazatlán et Topolobampo jouent un rôle essentiel dans le commerce maritime, tandis que le tourisme se développe le long de la côte pacifique, surtout à Mazatlán. 

Quelques-uns des principaux sites archéologiques du Sinaloa

Las Labradas, situé sur la côte pacifique, au nord de Mazatlán, dans la municipalité de San Ignacio, est remarquable pour ses centaines de pétroglyphes gravés sur des roches volcaniques noires en bordure de plage. Les figures, qui incluent des spirales, des cercles, des représentations humaines et animales stylisées, remontent à une période estimée entre 500 et 1200 ap. JC. Bien que leur signification exacte demeure incertaine, il est probable qu'elles aient eu une fonction rituelle ou cosmologique. Ce site se distingue aussi par son interaction directe avec le paysage maritime, unique dans le nord-ouest du Mexique, et il a été classé Zone de Monuments Archéologiques par l'INAH.

El Módulo de Altavista, situé dans la vallée de l'Évora, près de la ville de Guamúchil, révèle des traces de peuplement préhispanique sous forme de tertres artificiels, de structures funéraires et de céramiques. Il s'agit d'un ancien centre rituel et résidentiel lié aux Cahitas, avec une occupation qui s'étendrait du début de notre ère jusqu'à l'époque de contact avec les Espagnols. Les fouilles y ont révélé des objets en obsidienne, des outils lithiques, et des fragments de poterie décorée de motifs géométriques et zoomorphes, ce qui témoigne d'un artisanat local évolué.

El Ombligo, dans la région montagneuse de la Sierra Madre Occidentale, près de Badiraguato, est encore peu exploré, mais des investigations archéologiques ont mis au jour des habitations semi-enterrées, des sépultures et des restes céramiques qui témoignent de l'adaptation de communautés anciennes à des environnements d'altitude. Les objets découverts suggèrent des échanges avec les cultures du sud-ouest des États-Unis et du nord du Mexique, notamment des traditions associées aux groupes chalchihuites et à la culture Mogollón.

Teacapán, situé dans les marais côtiers du sud de Sinaloa, montre l'importance des sociétés riveraines et littorales. Les fouilles ont révélé des monticules cérémoniels, des structures circulaires, et des zones de production artisanale, notamment pour la fabrication de coquillages travaillés. On y trouve également des objets provenant d'échanges interrégionaux, ce qui 

indique l'existence de routes commerciales côtières préhispaniques entre le Sinaloa, le Nayarit et même le centre du Mexique.

Chametla, dans la région de Rosario, est connu comme l'un des plus anciens établissements indigènes de la côte sinaloense. Il était probablement un centre régional d'échanges, de production agricole et de rituels religieux. Chametla aurait été une base importante lors des premières expéditions espagnoles au XVIe siècle, et les couches archéologiques révèlent une transition entre l'époque préhispanique et le début de la colonisation. Des céramiques polychromes et des structures en adobe y ont été mises au jour.

Les monticules de Acatita, dans la région de Guasave, témoignent d'anciennes formes d'urbanisation cahita. Ces tertres artificiels, généralement érigés à proximité de rivières ou de zones agricoles, servaient probablement à des fins résidentielles, cérémonielles ou funéraires. Ils étaient associés à des complexes de poterie décorée, à des objets en pierre et à des restes alimentaires, indiquant une économie agricole et de pêche bien structurée.

La Flor de Mayo, dans la région de El Fuerte, montre une configuration similaire avec des plateformes et monticules cérémoniels, ainsi que des alignements d'habitations. Des fouilles ont mis en lumière des céramiques peintes, des instruments de broyage, et des restes humains indiquant des pratiques funéraires spécifiques. Ce site est également important pour comprendre la culture des Yoremes, qui peuplent encore la région aujourd'hui.

Les sites rupestres dans la région de Cosalá sont moins monumentaux mais d'une grande valeur culturelle. Des abris sous roche contiennent des peintures rupestres représentant des scènes de chasse, des symboles solaires et des silhouettes anthropomorphes. Leur datation reste incertaine, mais ces témoignages montrent la profondeur historique de l'occupation humaine dans cette zone, souvent ignorée des grandes synthèses archéologiques mésoaméricaines.

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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