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Francfort sur le Main |
Francfort-sur-le-Main,
Frankfurt-am-Main est une ville d'Allemagne La ville proprement dite est sur la rive
droite du Main Le porche du XVIIIe siècle, vestige de l'ancien palais Thurn-et-Taxis, et un gratte-ciel du XXIe siècle (la Nextower) : un résumé des contrastes architecturaux de Francfort... Topographie
Dans ce qui a été la vieille ville (qui
ne mérite plus vraiment ce nom aujourd'hui), les ruelles se ramifient
autour de la place du Roemerberg avec son puits surmonté d'une Justice;
du Paulsplatz (qui touche); de la place du Liebfrauenberg (mont Notre-Dame);
de la place de la cathédrale (Dom) reliée
au Roemerberg par le vieux marché; et du Boerneplatz, l'ancien marché
des juifs. L'ancienne ruelle des Juifs (Judengasse, aujourd'hui Boerneplatz)
a perdu depuis longtemps ses vieilles maisons historiques et même celle
qui fut le berceau des Rothschild. Sur le
marché des juifs était la synagogue
(détruite en 1938) et derrière celle-ci était le cimetière juif.
Kaiserstrasse, à Francfort, vers 1900. La ville neuve a de belles et larges rues; au centre et parallèle au Main est la principale, la Zeil (Zeilstrasse), très commerçante, et réservée aux piétons sur un bon tiers de son parcours, qui aboutit à la place Schiller et au Rossmarkt, l'ancien marché aux chevaux, aujourd'hui quartier neuf, contigu lui-même à la place Goethe; les monuments et statues de Schiller, Gutenberg et Goethe, la dernière sculptée par Schwanthaler; là se trouvent encore les places du Théâtre et de la Bourse. De ce carrefour central se détachent, d'un côté vers le Kaiserplatz, d'où l'on remarque quelques tours d'acier et de verre, la Kaiserstrasse, grand boulevard qui a conservé des maisons monumentales du XIXe siècle, et qui conduit vers la gare centrale et devient l'artère d'un quartier neuf bâti à partir 1872; de l'autre la rue de Boekenheim (Bockenheimer Landstrasse) qui passe à la place de l'Opéra avant de s'engager dans le faubourg qui lui vaut son nom. Les quartiers extérieurs, parsemés de
jardins, sont agréables. Signalons à l'Est de la ville le jardin zoologique,
à l'Ouest celui des Palmiers, quelques puits ou statues décorant les
Anlagen. Enfin le long des quais du Main (Mainkai) sont de jolies promenades
: en amont du vieux pont, Schoene Aussicht; en aval, Nizza, ainsi appelée
en raison des plantes méridionales qui y prospèrent à l'abri du vent
du nord.
Inauguré en 1880, l'Alte Oper (ancien Opéra) de Francfort sert encore de grande salle de concert, ainsi que pour les représentations théâtrales. Les opéras proprement dits ne sont représentés aujourd'hui que dans le nouvel Oper Frankfurt (Opéra de Francfort). Monuments.
Vues du Römerberg (place de l'Hôtel de Ville), à Francfort. Ci-dessus, la façade de l'Hôtel de Ville (Römer) et, ci-dessous, le côté de la place nommé Samstagsberg (Ostzeile), avec ses six maisons reconstruites dans les années 1980. Photos : © Angel Latorre. Le palais impérial était près de là ,
le Saalhof; bâti pour les Carolingiens,
il a été reconstruit plusieurs fois; l'édifice actuel date de 1747 et
a été restauré en 1842; cependant il conserve une chapelle
du XIIe siècle et une aile (sur la Saalgasse)
du XIVe, remaniée à la Renaissance.
Des édifices religieux, le plus curieux est la cathédrale. Fondée en 850, dédiée au XIIIe siècle à saint Barthélemy, rebâtie aux XIVe et XVe siècles, elle fut à partir du XIIIe siècle le lieu de réunion du collège électoral du Saint-Empire romain germanique; à partir de 1562, les empereurs vinrent y prendre la couronne. C'est une église gothique de 108 m de long sur 67 de large, sans grand caractère; la tour a 95 m de haut; commencée en 1415, elle demeura inachevée de 1514 à 1867-1877 ou on en fit une nouvelle. Le portail méridional est seul ancien. L'élection impériale avait lieu dans une chapelle latérale décorée d'un tableau d'autel de Ph. Veit et du tombeau de l'anti-césar Gunther de Schwarzburg. L'église Leonhard remonte au XIIIe siècle, mais a été agrandie et transformée; le choeur est de 1434. L'église de Notre-Dame, collégiale comme les deux précédentes, a été commencée en 1320, la nef achevée en 1344, mais la tour en 1478 et le choeur seulement en 1509; la tour située à une des portes de la vieille ville servait de forteresse. Les anciens couvents des dominicains et des carmélites et leurs églises subsistent, mais ont été sécularisés. L'église Nikolai de 1290 a été reconstruite de 1841 à 1847; l'église Sainte-Catherine (1681, reconstruite entre 1950 et 1954) est en style barroque; l'église Paul (Paulskirche) (1787-1833) est une église ronde où siégea le Parlement allemand de 1848-1849. Dans le faubourg de Sachsenhausen, on remarque
l'église de l'Ordre Teutonique dont
la façade est de 1750, mais qui conserve des fresques
du XIVe siècle.
La cathédrale Saint-Barthélémy de Francfort. Histoire.
Louis le
Débonnaire résida volontiers à Francfort et agrandit le palais;
il en bâtit un second en amont, lequel est demeuré jusqu'au bout le palais
impérial (Saalhof); la ville qui s'était formée autour fut entourée
d'une muraille et d'un fossé (838). Louis
le Germanique fit de Francfort la capitale de son royaume des Francs
orientaux. Elle a gardé ce rang de capitale de l'Allemagne jusqu'au seuil
de l'époque contemporaine. Seulement, comme de bonne heure les rois et
empereurs, en raison du caractère fédéral de leur monarchie, n'eurent
pas de résidence fixe, le privilège de Francfort fut surtout honorifique.
Un grand nombre de diètes et de conciles y furent assemblés et l'Eglise
locale fut comblée de donations. A partir de l'élection de
Frédéric
Barberousse (1152), il fut établi que Francfort était le lieu ou
devait être élus les chefs du saint-empire. En 1245, elle acquit le titre
de ville impériale et l'immédiateté;
ses échevins avaient juridiction sur tout le Wetterau; les revenus avaient
été engagés ou vendus par l'empereur à la ville. Les bourgmestres élus
par la bourgeoisie réussirent à évincer les avoués impériaux qui disparurent
en 1257.
Le Main et les ponts qui relient Francfort à son faubourg de Sachsenhausen. L'autonomie à peu près complète fut concédée par l'empereur Louis de Bavière et Charles IV; ce dernier, par la Bulle d'or, consacra définitivement le droit exclusif de Francfort comme lieu d'élection des empereurs (1356). Les divisions intestines entre l'aristocratie héréditaire et les métiers furent apaisées par un compromis; le conseil municipal fut divisé en trois bancs de quatorze membres, banc des échevins, de la communauté et des métiers. La Réforme, à laquelle les bourgeois adhérèrent dès 1530, contribua à leur fortune en les affranchissant de l'oppression cléricale. Francfort fut un des boulevards du protestantisme; là fut signé en 1558 le recès de Francfort par lequel les princes luthériens (Palatinat, Saxe, Brandebourg, Hesse, Palatinat-Deux-Ponts, Württemberg) se fédérèrent et adhérèrent au luthéranisme extrême contre les transactions demandées par Melanchthon. Une persécution des juifs (1612) fut terminée par l'intervention de l'empereur Mathias qui leur donna raison; ils rentrèrent solennellement et célébrèrent leur rentrée par une fête annuelle (Pourim Vinz). Dans la guerre
de Trente Ans, la ville demeura neutre. En 1681 s'y réunit un congrès
des princes allemands hostiles à Louis XIV;
ils ne purent s'entendre. Le 22 mai 1744, fut conclue l'Union de Francfort
entre l'empereur Charles VII d'une
part, Frédéric Il, le Palatinat
et la Hesse qui s'engagèrent à le soutenir; on sait que le roi de Prusse
envahit la
Bohème. Durant la guerre
de Sept Ans, Francfort fut occupé par les Français du 2 janvier 1759
à la paix. Le grand événement de la vie locale était alors, comme Goethe
nous le conte, la fête du couronnement impérial. Rappelons qu'à cette
époque la ville accueillit de nombreux réfugiés des Pays-Bas,
qui donnèrent un nouvel essor aux affaires.
La maison natale de Goethe, au 23 Grosser Hirschgraben, à Francfort. Photos prises de nos jours : The World Factbook. La Révolution
française compromit l'indépendance de la vieille ville libre. Occupée
par Custine (octobre 1792), reprise deux mois
après par les Prussiens, occupée par Wartensleben à qui Kléber
l'enleva bientôt (juillet 1796), elle fut déclarée neutre (2 décembre
1796). Elle fut une des villes libres qui sauvèrent leur indépendance
lors du remaniement de la carte allemande; elle s'accrut même aux dépens
des ecclésiastiques. Occupée en 1806 par Augereau (qui la rançonna comme
Custine et Kléber), elle fut alors annexée à la principauté du prince-primat
Dalberg. En 1810, Napoléon en fit la capitale
d'un grand-duché créé pour Dalberg et comprenant, outre le territoire
francfortois, celui d'Aschaffenbourg,
de Wetzlar, Hanau, Fulda,
des
Ce grand-duché, créé le 16 février
1810, disparut avec la Confédération du Rhin le 23 décembre 1813. Le
congrès
de Vienne rendit à Francfort ses libertés et en 1816 on y fixa le
siège de la diète fédérale de la Confédération germanique. Le 3 avril
1833, des conjurés tentèrent un coup de main pour s'emparer de la ville
et de la diète; leur échec, suivi de poursuites contre 1800 personnes
et de condamnations sévères, fut le signal d'une réaction. Dans les
années 1848 et 1849, Francfort fut réellement la capitale de l'Allemagne,
tous les yeux étant tournés vers le Parlement préparatoire, puis vers
l'Assemblée nationale qui y siégea du 18 mai 1848 au 31 mai 1849. Les
mouvements locaux des 7 et 8 juillet et du 18 septembre 1848 compliquaient
encore les difficultés. En 1863 se réunit à Francfort un congres de
princes, afin d'étudier la réforme de la constitution. La Chambre des
députés, réunie dans cette période critique, combattit la politique
austro-prussienne. Quand eut lieu la rupture entre la Prusse
et l'Autriche, Francfort avec les autres
villes libres se prononça pour la Prusse, mais, comme siège des pouvoirs
fédéraux, elle fut entraînée dans la lutte contre elle.
le monument de Gutenberg. Photos anciennes : Bibliothèque du Congrès (Washington). Le 8e corps
fédéral s'y assembla et la diète y resta jusqu'au 14 juillet. Le 16
juillet, le général prussien Vogel de Falckenstein l'occupa, la rançonna
et déposa toutes les autorités locales. Trois jours après vint Manteuffel
qui exigea 25 nouveaux millions de florins et se comporta très brutalement.
Au mépris de tout droit et par un simple
Dans les années 1860, Francfort était encore une ville libre (Freie Stadt Frankfurt), l'un des derniers vestiges des cités impériales libres du Saint-Empire, et jouait un rôle politique important en abritant la Diète de la Confédération germanique (Bundestag). Son indépendance, chèrement gardée pendant des siècles, était une source de fierté, et la ville était déjà un centre commercial et financier prospère, doté d'une bourse de renom. Cependant, cette ère d'indépendance prit fin brutalement en 1866. Lors de la Guerre austro-prussienne, Francfort, en raison de sa position géographique et de ses liens historiques, se rangea du côté de l'Autriche. La victoire de la Prusse fut rapide et décisive, et Francfort fut occupée puis annexée par le royaume de Prusse. Cet événement marqua un tournant majeur, mettant fin à près de cinq siècles de quasi-autonomie. L'incorporation à la Prusse fut initialement amère pour de nombreux citoyens, mais elle ouvrit aussi la voie à une intégration dans un État plus vaste et en pleine expansion. Sous l'Empire allemand (fondé en 1871), Francfort, bien que n'étant plus une capitale politique indépendante, prospéra considérablement sur le plan économique. Elle consolida sa position de centre financier, sa bourse devenant l'une des plus importantes d'Allemagne. L'industrialisation prit de l'ampleur, notamment dans les secteurs de la chimie (avec la fondation de grandes entreprises comme Hoechst), de la mécanique et de l'électricité. La ville s'étendit rapidement grâce à la Gründerzeit (ère des fondateurs), voyant l'émergence de nouveaux quartiers résidentiels pour une population croissante et la construction d'infrastructures modernes comme de nouvelles gares (la monumentale Hauptbahnhof fut achevée en 1888), des ponts sur le Main et les prémices du transport en commun. La fin du XIXe siècle fut une période de dynamisme et d'urbanisation intense. La Première Guerre Mondiale imposa des difficultés économiques et sociales, mais la ville traversa cette période sans destruction majeure. L'après-guerre et la République de Weimar (1918-1933) furent marqués par des défis économiques (notamment l'hyperinflation du début des années 1920) et une instabilité politique. Cependant, cette période fut aussi une ère d'innovation culturelle et sociale. Francfort devint un centre intellectuel important avec l'Université Goethe, fondée en 1914, et la création de l'Institut de Recherche Sociale (la future École de Francfort). Sous l'égide du maire Ludwig Landmann et de l'urbaniste Ernst May, la ville entreprit le vaste projet du Nouveau Francfort (Neues Frankfurt), un programme novateur de construction de logements sociaux modernistes, d'infrastructures municipales et de planification urbaine avant-gardiste, qui servit de modèle international. L'avènement du régime
nazi en 1933 mit fin à cette période d'expérimentation démocratique
et sociale. Comme dans toute l'Allemagne, le régime procéda à la Gleichschaltung
(mise au pas), supprimant les libertés civiles et persécutant les opposants
politiques. Pour Francfort, ville historiquement ouverte et dotée d'une
très importante population juive, le
Troisième Reich fut particulièrement dévastateur. Les Juifs, qui jouaient
un rôle vital dans la vie économique et culturelle de la ville, furent
systématiquement persécutés, expropriés, et finalement déportés vers
les camps d'extermination ( Après la capitulation en 1945, Francfort était une ville dévastée, un paysage de ruines et de décombres. Elle fut placée dans la zone d'occupation américaine et devint le siège de l'administration militaire américaine en Allemagne de l'Ouest, la JEIA (Joint Export-Import Agency) et plus tard la HICOG (High Commissioner for Germany), jouant un rôle central dans l'administration des zones occidentales. La ville fut envisagée comme capitale de la nouvelle République Fédérale d'Allemagne, mais Bonn fut finalement choisie en 1949, en partie pour ne pas donner trop de poids à un centre économique déjà puissant et pour symboliser un nouveau départ moins lié au passé impérial ou financier. Dès le début des années 1950, la reconstruction s'engagea dans le cadre du Wirtschaftswunder (miracle économique). Plutôt que de reconstruire l'Altstadt à l'identique, la décision fut prise d'adopter une planification urbaine moderne, privilégiant l'accès automobile, la fonctionnalité et la construction rapide. L'ancienne silhouette médiévale disparut, remplacée par des bâtiments d'après-guerre. Francfort retrouva rapidement et renforça son rôle de centre économique. La Bourse rouvrit ses portes, les banques (dont la future Bundesbank, la banque centrale ouest-allemande) s'y installèrent ou s'y développèrent. L'aéroport de Francfort connut une expansion phénoméniale, devenant l'un des plus grands d'Europe et une plaque tournante intercontinental majeur. La Foire de Francfort (Messe Frankfurt) se rétablit et se développa pour devenir l'un des principaux organisateurs de salons professionnels au monde. L'Université Goethe fut reconstruite et agrandie. À partir des années
1970 et 1980, la silhouette de Francfort commença à changer radicalement
avec l'apparition des gratte-ciel, notamment dans le quartier bancaire
(Bankenviertel). Ces tours, abritant banques, compagnies d'assurance et
cabinets d'avocats, symbolisèrent la puissance financière retrouvée
de la ville, lui valant le surnom de Mainhattan. Ce développement moderne
fut souvent controversé, contrastant fortement avec le peu qui restait
de l'ancienne ville, mais il cimenta son image de métropole internationale.
Les gratte-ciel de Francfort. Photo : Thomas Wolf . Après la réunification allemande en 1990, la position de Francfort au coeur de l'Europe réunifiée fut encore renforcée. Elle devint un pôle d'attraction majeur pour les entreprises internationales et continua d'étendre son influence financière. Le couronnement de ce développement fut la décision d'y installer le siège de la Banque Centrale Européenne (BCE) en 1998, faisant de Francfort l'épicentre de la politique monétaire de la zone euro. Au début du XXIe siècle, Francfort continue d'être un moteur économique et un carrefour international. La ville poursuit son développement urbain, avec de nouveaux projets architecturaux, la revitalisation de quartiers (comme le front du Main ou le quartier européen - Europaviertel) et des efforts pour recréer certains aspects de son centre historique perdu (par exemple, la reconstruction du quartier du Dom-Römer achevée en 2018, même si elle reste une réplique). Elle fait face aux défis des métropoles mondiales : coût élevé du logement, gestion de l'immigration et de l'intégration, adaptation au changement climatique et maintien de la qualité de vie malgré la densité. |
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