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Pris dans son sens
le plus général, le mot art implique toujours un ensemble de procédés,
une certaine méthode employée en vue d'un résultat prémédité. C'est
ainsi que Littré le définit : « Manière de
faire quelque chose selon certaine méthode », et que Joubert a pu écrire
: « L'art est l'habileté réduite en théorie ». Le mot grec-tecnh,
le latin ars, l'allemand Kunst
(de Können = pouvoir) ont une acception analogue; ils désignent
à la fois une certaine méthode et une certaine habileté; on dira, par
exemple, l'art du cuisinier, l'art du chirurgien, l'art du verrier, comme
l'art du poète ou du musicien.
D'une façon absolue,
l'art embrasse donc tout ce qui, pour exister, a exigé l'intervention
de la main, de l'esprit et de la volonté de l'humain. Mais entendu dans
un sens plus particulier, l'art est bien plus que cela : c'est une forme
d'expression humaine qui cherche à traduire des émotions,
des idées, des perceptions
ou des expériences à travers des moyens
sensoriels. Il ne se limite ni a la seule application d'une technique,
ni à une simple représentation du réel, mais vise en général à susciter
une réaction intérieure chez celui qui le perçoit, qu'il s'agisse d'émotion,
de réflexion, de questionnement ou d'émerveillement.
L'art peut prendre
de nombreuses formes. Chacune possède son propre langage, ses techniques
et ses fonctions dans la société, mais elles partagent toutes un rôle
fondamental dans la culture et l'histoire des civilisations.
• La
peinture
est l'un des arts visuels les plus anciens. Elle utilise des pigments appliqués
sur des supports tels que la toile, le bois ou le mur pour créer des images.
Elle permet d'exprimer des émotions, de raconter des histoires ou de représenter
la réalité. Elle a évolué à travers différents courants, de l'art
rupestre aux mouvements contemporains, en passant par la Renaissance et
l'impressionnisme.
• La sculpture
se distingue par sa tridimensionnalité. Elle façonne des matériaux comme
la pierre, le bois, le métal ou des matières modernes pour donner forme
à des volumes. Les sculptures peuvent être figuratives ou abstraites
et occupent ordinairement un rôle symbolique ou décoratif dans les espaces
publics et privés. De l'art antique aux créations conceptuelles actuelles,
elle demeure un art de l'espace.
• La musique
est un art sonore qui organise les sons et les silences dans le temps.
Elle utilise des instruments, la voix ou des moyens électroniques pour
produire des compositions. Universelle, elle accompagne les rituels, divertit,
émeut et inspire. Les styles musicaux varient selon les cultures et les
époques, allant du classique au jazz, du rock aux musiques électroniques.
• La danse
est l'art du mouvement du corps, généralement accompagnée de musique.
Elle exprime des sentiments, des récits ou
des idées à travers la gestuelle. Présente dans toutes les cultures,
elle se manifeste sous des formes variées, de la danse classique aux danses
contemporaines, en passant par les danses traditionnelles. Elle allie technique,
rythme et émotion.
• Le théâtre
est un art vivant qui mêle texte, jeu d'acteur, mise en scène et scénographie.
Il se joue devant un public et traite des relations humaines, les conflits
et les passions. Du théâtre antique aux formes modernes et expérimentales,
il reste un espace privilégié de réflexion et de partage collectif.
• La littérature
est l'art du langage. Par l'écriture, elle crée des mondes imaginaires,
exprime des idées ou analyse la réalité. Elle englobe divers genres
comme la poésie, le roman,
le théâtre et l'essai. En plus de son aspect esthétique, elle constitue
un témoignage de l'évolution des sociétés et des pensées.
• Le cinéma
combine l'image en mouvement, le son et souvent la narration pour créer
une expérience immersive. Né à la fin du XIXe
siècle, il est devenu un art majeur qui mêle technique et créativité.
Il peut divertir, émouvoir, instruire ou dénoncer, et se décline en
multiples genres, du documentaire à la science-fiction.
• La photographie
capte des images fixes à l'aide d'un appareil, fixant un instant du réel.
Elle oscille entre témoignage documentaire et création artistique. Grâce
aux évolutions technologiques, elle est accessible à tous, tout en conservant
un rôle essentiel dans l'art, la communication et la mémoire collective.
• L'architecture
est l'art de concevoir et de construire des espaces. Elle répond à des
besoins fonctionnels tout en intégrant une dimension esthétique. Chaque
époque et culture a développé son style architectural, des temples antiques
aux gratte-ciel contemporains. Elle influence notre manière de vivre et
de percevoir l'environnement bâti.
Ce qui distingue l'art
d'une simple fabrication ou d'un objet utilitaire, c'est l'intention. L'artiste
crée non pas pour répondre à une fonction pratique, mais pour exprimer
une vision personnelle, transmettre un message ou explorer une dimension
esthétique, symbolique ou émotionnelle. Cependant, cette intention n'est
pas toujours consciente ou explicite; parfois, l'art surgit de l'instinct,
de l'inconscient, ou de la nécessité
intérieure de donner forme à ce qui ne peut être dit autrement.
L'art est aussi un
phénomène culturel et historique. Chaque époque, chaque société développe
ses propres formes artistiques, influencées par les croyances, les valeurs,
les techniques disponibles et les contextes sociaux. Ce qui est considéré
comme de l'art varie donc d'un temps à l'autre et d'un lieu à l'autre.
Par exemple, certaines oeuvres qui furent rejetées à leur époque sont
aujourd'hui célébrées comme des chefs-d'oeuvre, tandis que d'autres,
autrefois admirées, peuvent aujourd'hui sembler dépassées ou contestables.
Un aspect fondamental
de l'art est son caractère ouvert à l'interprétation. Contrairement
à un message technique ou scientifique, une oeuvre d'art n'a pas une signification
unique ou fixe. Elle invite le spectateur, l'auditeur ou le lecteur Ã
y projeter ses propres expériences, à y trouver un sens personnel. C'est
ce dialogue entre l'oeuvre et celui qui la reçoit qui donne à l'art sa
richesse et sa puissance. L'art peut ainsi éveiller des émotions profondes,
provoquer la pensée critique, remettre en cause des certitudes, ou simplement
offrir un moment de beauté et de contemplation.
Enfin, l'art n'est
pas seulement l'apanage des grands maîtres ou des institutions culturelles.
Il peut émerger dans les gestes du quotidien, dans les créations populaires,
dans les formes d'expression contemporaines comme le street art,
les performances ou les oeuvres numériques. Il est à la fois un miroir
de l'humanité et un outil de transformation, capable de révéler ce que
nous sommes, de questionner ce que nous devenons, et d'imaginer ce que
nous pourrions être.
L'esthétique.
L'esthétique
(= la philosophie de l'art) s'interroge sur la nature, la valeur
et la signification de l'art. Elle cherche à comprendre ce que signifie
créer, percevoir et juger une oeuvre artistique, en s'appuyant sur des
réflexions rationnelles et critiques plutôt que sur des impressions subjectives.
Cette discipline ne se contente pas d'analyser les oeuvres d'art elles-mêmes,
mais elle étudie les concepts fondamentaux qui les sous-tendent : la beauté,
le goût, l'expression, l'originalité, l'authenticité, l'intention de
l'artiste, la réception par le public, et la fonction sociale ou morale
de l'art.
Un des premiers enjeux
de l'esthétique est de définir ce qu'est une oeuvre d'art. Existe-t-il
un critère universel permettant de distinguer l'art du non-art? Certains
philosophes, comme Platon, voyaient l'art comme
une imitation du réel, donc une copie éloignée de la vérité, tandis
qu'Aristote lui reconnaissait une valeur cognitive,
en ce qu'il permet de comprendre des vérités générales par l'émotion
et la catharsis. Plus tard, au XVIIIe siècle,
l'esthétique s'affirme comme discipline autonome avec des penseurs comme
Baumgarten,
puis Kant, qui insiste sur le jugement de goût
comme une faculté spécifique, fondée sur le plaisir
désintéressé que procure la contemplation d'un objet beau.
Kant distingue particulièrement
le beau du plaisant ou de l'utile
: le beau ne plaît pas parce qu'il satisfait un désir
ou une fonction, mais parce qu'il éveille en nous une harmonie entre l'imagination
et l'entendement. Ce plaisir est désintéressé,
c'est-à -dire qu'il ne dépend pas de notre intérêt personnel. Il est
aussi universel : même si le goût est subjectif, nous prétendons que
tout le monde devrait ressentir le même plaisir devant une œuvre véritablement
belle. Cette idée a profondément influencé la manière dont on conçoit
l'art, en valorisant l'autonomie de l'oeuvre par rapport à toute utilité
pratique.
Au XIXe
siècle, avec Hegel, l'art devient un mode d'expression
de l'esprit humain à travers l'histoire. Pour
lui, l'art, la religion et la philosophie sont trois formes par lesquelles
l'esprit absolu se manifeste, mais l'art occupe une place particulière
car il exprime la vérité sous forme sensible. Cependant, Hegel suggère
que l'art, dans sa forme classique, appartient au passé : l'ère moderne,
dominée par la réflexion et la pensée conceptuelle, aurait dépassé
l'art comme voie principale de la vérité.
Au XXe
siècle, la philosophie de l'art est profondément bouleversée par les
transformations de l'art lui-même. Avec les avant-gardes, le ready-made
de Duchamp, l'art conceptuel ou la performance, la question de la définition
de l'art devient centrale. Si un urinoir peut être présenté comme une
oeuvre d'art, qu'est-ce qui fait qu'un objet est une œuvre d'art? Des
théoriciens, à l'instar d'Arthur Danto ont alors proposé une réponse
institutionnelle : un objet devient œuvre d'art lorsqu'il est intégré
dans le « monde de l'art », c'est-à -dire lorsqu'il est présenté, interprété
et reconnu comme tel par des artistes, des critiques, des musées et un
public averti. Pour Danto, ce n'est pas l'apparence physique de l'objet
qui détermine son statut artistique, mais son contexte et sa signification
symbolique.
D'autres approches,
comme celle de Monroe Beardsley, insistent sur l'expérience esthétique
: une oeuvre d'art est celle qui est destinée à produire une expérience
esthétique, caractérisée par une attention désintéressée, une perception
riche et une satisfaction profonde. Selon cette vision, l'art est défini
par sa fonction, non par son origine ou son statut institutionnel.
L'esthétique aborde
aussi des questions éthiques : l'art doit-il être moralement bon? Une
oeuvre peut-elle être esthétiquement puissante tout en véhiculant des
idées immorales? Peut-on séparer la valeur artistique de la valeur morale?
Ces débats sont particulièrement vifs lorsqu'il s'agit d'oeuvres controversées,
ou lorsque l'art traite de sujets violents, politiques ou tabous.
Enfin, la philosophie
de l'art s'intéresse à la réception : comment le spectateur participe-t-il
à la création de sens? Des penseurs comme Hans-Georg Gadamer ou Roman
Ingarden ont montré que l'oeuvre n'est pas un objet fixe, mais un événement
qui se réalise dans l'acte de perception. Le spectateur n'est pas un simple
consommateur passif, mais un co-créateur du sens, qui actualise l'oeuvre
à travers son interprétation, son vécu et sa culture.
Ainsi, la réflexion
sur l'art ne cherche pas seulement à classer ou à juger les oeuvres,
mais à comprendre le rôle de l'art dans la vie humaine : comme moyen
de connaissance, comme expression de la
liberté,
comme lieu de résistance ou de transformation, comme expérience de la
beauté ou du sublime. Elle montre que l'art n'est pas un luxe superflu,
mais une dimension essentielle de l'existence, qui touche à la manière
dont nous percevons le monde, nous-mêmes, et ce que nous pouvons devenir.
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Une
IA peut-elle produire une oeuvre d'art?
La réponse de Qwen3-235B-A22B-2507
« La question de
savoir si une oeuvre créée par une intelligence
artificielle peut être considérée comme de l'art touche à des problèmes
profonds concernant la nature de la création, de l'intention, de l'auteur
et de la sensibilité humaine. Pour y répondre, il faut d'abord se demander
ce qui fait qu'une oeuvre est une œuvre d'art. Si l'on retient l'idée
que l'art est avant tout une expression de subjectivité, d'émotion ou
de vision du monde, alors l'IA, qui n'a ni conscience, ni vécu, ni intention
véritable, semble incapable de produire de l'art au sens strict. Elle
ne ressent rien, ne souffre pas, n'aime pas, ne rêve pas. Elle ne crée
pas par nécessité intérieure, mais en réponse à des algorithmes, des
données et des instructions humaines.
Cependant, de nombreuses
oeuvres d'art contemporaines ne reposent pas nécessairement sur une expression
émotionnelle directe. L'art conceptuel, par exemple, valorise l'idée
plus que le geste, et certaines oeuvres sont le produit de systèmes, de
règles ou de hasard. Dans ce cadre, une IA peut être vue comme un outil
ou un système complexe mis en oeuvre par des humains pour générer des
formes inédites. L'oeuvre n'émanerait alors pas de l'IA elle-même, mais
du cadre conceptuel, des choix esthétiques et des intentions de ceux qui
l'ont programmée, entraînée ou sélectionnée. Dans ce cas, l'IA agit
comme un médium, comparable à un pinceau, une caméra ou un logiciel
de composition musicale, mais dont la puissance de traitement permet des
combinaisons inaccessibles à l'esprit humain seul.
On peut aussi considérer
que l'art ne réside pas seulement dans l'acte de création, mais dans
la réception. Si une oeuvre générée par IA suscite émotion, réflexion,
admiration ou questionnement chez celui qui la perçoit, elle produit un
effet esthétique comparable à celui d'une oeuvre humaine. Or, selon de
nombreuses théories esthétiques, notamment celles qui mettent l'accent
sur l'expérience du spectateur, c'est cette réaction qui donne à l'oeuvre
son statut artistique. Ainsi, même si l'origine de l'oeuvre est algorithmique,
son impact peut être authentiquement artistique.
Par ailleurs, la
notion d'auteur est de plus en plus décentrée dans l'histoire de l'art.
Depuis Duchamp et l'art conceptuel, jusqu'aux oeuvres collaboratives ou
génératives, l'auteur n'est plus nécessairement celui qui exécute,
mais celui qui conçoit, choisit, valide ou expose. Dans le cas des oeuvres
d'IA, c'est souvent l'humain qui sélectionne les données d'entraînement,
ajuste les paramètres, choisit parmi plusieurs sorties générées, ou
décide de présenter une image comme oeuvre. Ce processus de sélection
et d'interprétation peut être vu comme un acte artistique en soi.
Il reste que la question
soulève des enjeux éthiques et culturels. Si l'on reconnaît le statut
d'oeuvre d'art à une création d'IA, qu'en est-il du droit d'auteur, de
la paternité, de la valeur symbolique? Et surtout, ne risque-t-on pas
de banaliser l'art en le réduisant à un produit de traitement de données,
en occultant la dimension humaine de souffrance, de désir, de mémoire
ou de liberté qui a longtemps été au coeur de la création artistique?
En fin de compte,
une œuvre générée par IA peut être perçue, accueillie et fonctionner
comme une oeuvre d'art, surtout si elle est intégrée dans un contexte
artistique, interprétée, exposée et reconnue comme telle. Mais elle
n'est pas de l'art au sens où l'entend une création émanant d'une conscience
vivante. Elle est plutôt un miroir de l'humain : de ses données, de ses
choix, de ses désirs de contrôle et de ses rêves de création infinie.
Elle interroge moins la capacité de la machine à faire de l'art que notre
propre rapport à la création, à l'auteur, et à ce que nous appelons
l'art. » |
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Jean-Jacques
Breton, Philippe Cachau, D. Wialatte, L'histoire de l'art pour les
nuls, First, 2007. - Les statues
grecques vous laissent de marbre? La visite d'un musée vous arrache des
bâillements d'ennui Les galeries d'art vous donnent de l'urticaire
et vous ne comprenez pas pourquoi des personnes apparemment saines d'esprit
sont prêtes à s'empoigner dans une salle de ventes pour acheter à prix
d'or un tableau qui ressemble à un dessin
d'enfant? L'art, pensez-vous, c'est un peu comme le polo ou les échecs
: pour s'y intéresser, il faut être ou très riche ou très intelligent.
Grâce
à cette édition luxe, enrichie de 180 illustrations couleurs, rien n'est
moins vrai. Faisant d'abord appel à la sensibilité, l'art n'est plus
réservé à une poignée d'élus! Tout le monde peut apprécier la beauté
d'un objet et le profane, armé de connaissances modestes, apprend vite
à affiner son goût.
Le
modeste objectif poursuivi par les auteurs de ce livre est d'offrir une
introduction à l'histoire de l'art afin d'inciter le lecteur à aller
plus loin, par la visite de musées ou la consultation d'ouvrages plus
pointus. L'Histoire de l'art pour les Nuls illustrée retrace les
principales étapes de la création artistique de façon claire et accessible.
Se tenant à l'écart des débats qui divisent les spécialistes, il se
propose d'évoquer la diversité des époques et des styles.
De
la préhistoire à nos jours en passant par l'Antiquité,
le Moyen Âge, la Renaissance,
l'époque classique, le XIXe et le XXe siècle, il parcourt toutes les
époques durant lesquelles l'art a fleuri, sans oublier le siècle qui
s'ouvre : l'aventure continue. (couv).
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Claude
Leibenson, Le féminin dans l'art occidental, La Différence,
2007. -
Dans
la pensée occidentale, le féminin a été associé à l'idée de nature
et de mort. Nul commandement divin, nulle parole civilisatrice n'est venue
combattre cette notion, bien au contraire. À l'union du masculin et du
féminin, voie d'accès à l'éternité, succède aujourd'hui une autre
orientation : gommer la différence des sexes ou utiliser cette différence
comme un divertissement, métamorphoser le corps mortel en un outil performant.
L'amour tentait d'unir ce qui était séparé, la technique doit permettre
d'inventer un être autonome, libéré de la transcendance et des contraintes
que fait peser sur lui la nature, et capable d'atteindre seul l'immortalité.
Le déclin d'une civilisation se signale toujours par l'arrivée de courants
étrangers qui la traversent et l'ébranlent, par une exacerbation de la
violence et par une quête toujours renouvelée de plaisirs.
Si
les chercheurs ont analysé, avec perspicacité, les causes de la décadence
de Rome ou de Constantinople,
ils semblent refuser de voir que l'Occident se meurt du combat qu'il mène
contre ses propres symboles. L'art est, depuis plus d'un siècle, le témoin
et l'acteur de ce changement. Les happenings auxquels se réduisent le
plus souvent les « oeuvres » de certains artistes, de même que le cinéma
et la littérature, s'emploient à briser les tabous sur lesquels est bâtie
notre culture. Et les élites, à nouveau fascinées par la violence, qu'elle
ait un alibi artistique, religieux ou politique, regardent sans horreur,
parfois même avec complaisance, l'homme primitif, l'homme insensible Ã
la douleur qu'il provoque ou qu'il est censé ressentir, émerger de notre
monde quotidien sur la scène artistique. Cette avancée de la barbarie
annonce la fin de la civilisation et prépare l'avènement de l'homme futur,
libéré de l'Éthique, mais dépendant de la Technique, qui n'aura ni
nos valeurs ni notre mode de perception. L'image à travers laquelle nos
contemporains cherchent désespérément à approcher le réel, est la
porte qui lui ouvrira un monde nouveau, le monde virtuel. Si vaincre la
mort est un combat que les hommes ont mené depuis l'aube de la création,
une question reste cependant posée : pour la faire enfin disparaître,
ne nous faudra-t-il pas, simultanément, renoncer à la vie? (couv). |
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