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This document discusses Morocco's transition to a green economy in the context of sustainable development. It defines key concepts like green economy, green growth, and sustainable development. Morocco has adopted sustainable development policies and strategies that promote balance between environmental, economic and social dimensions. It has implemented reforms, regulations and financial policies to promote strategic sectors like renewable energy and energy efficiency. The document aims to analyze Morocco's policies and needed actions to successfully transition its economy towards a green economy and ensure environmental sustainability and job creation.

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This document discusses Morocco's transition to a green economy in the context of sustainable development. It defines key concepts like green economy, green growth, and sustainable development. Morocco has adopted sustainable development policies and strategies that promote balance between environmental, economic and social dimensions. It has implemented reforms, regulations and financial policies to promote strategic sectors like renewable energy and energy efficiency. The document aims to analyze Morocco's policies and needed actions to successfully transition its economy towards a green economy and ensure environmental sustainability and job creation.

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Journal d’Economie, de Management, d’Environnement et de Droit (JEMED)

ISSN 2605-6461
Vol 1. N°1, juillet 2018

Économie verte et développement durable au Maroc: Bilan et


perspectives
Green Economy and Sustainable Development in Morocco:
Assessment and Prospects
BENMAHANE Mustapha
Faculté Polydisciplinaire, Université Chouaib Doukkali
El Jadida, Maroc
[email protected]
ABSTRACT: The green economy is an economy that aims to improve human well-being and reduce
long-term inequalities while saving future generations from environmental risks and major ecological
shortages. It is a low-carbon, resource-efficient economy that facilitates social integration and protects
biodiversity and ecosystem services. The Moroccan environmental context is experiencing several
problems (progression of desertification, weakening of forest areas, reduction of water resources
potential, increased degradation of ecosystems, loss of biodiversity, etc.). Indeed, the economic
activities cause severe pollution. In social terms, Morocco has succeeded in reducing the levels of
absolute poverty, but populations remain highly vulnerable, especially in rural areas. Strong in its
political commitment to sustainable development, Morocco is firmly focused on promoting the green
economy. A National Charter and a Framework Law on the Environment and Sustainable
Development have been adopted to include all public policies as part of a national strategy for
sustainable development. This study aims to show the precise measures and the challenges to
be addressed by Morocco in a transition of its economy towards a green economy in a context of
sustainable development, and to present the economic, social and environmental actions required to
make this transition successfully.
KEYWORDS: environment; green economy; green growth; sustainable development.
RESUME : L’économie verte est une économie qui vise à améliorer le bien-être humain et à réduire
les inégalités à long terme, tout en préservant les générations futures de risques environnementaux et
de pénuries écologiques majeures. C’est une économie à faible émission de carbone, peu gourmande
en ressources, qui facilite l'intégration sociale et protège la biodiversité et les services fournis par les
écosystèmes. Le contexte environnemental marocain connaît plusieurs problèmes (progression de la
désertification, fragilisation des espaces forestiers, diminution du potentiel des ressources hydriques,
dégradation accentuée des écosystèmes, perte de la biodiversité, etc.). En effet, les activités
économiques sont à l’origine d’importantes pollutions. Sur le plan social, le Maroc est parvenu à
abaisser les niveaux de pauvreté absolue, mais les populations restent très vulnérables, en particulier
dans les zones rurales. Fort de son engagement politique en matière de développement durable, le
Maroc s’oriente résolument vers la promotion de l’économie verte. Une Charte nationale et une Loi-
cadre de l’environnement et du développement durable ont été adoptées afin d’inscrire toutes les
politiques publiques dans le cadre d’une stratégie nationale de développement durable. Cette étude a
pour objectif d’une part, de montrer les mesures précises et les défis à relever par le Maroc dans une
transition de son économie vers une économie verte dans un contexte de développement durable, et
d’autre part de présenter les actions à prendre sur le plan économique, social et environnemental afin
de réussir cette transition.
MOTS-CLEFS: environnement; économie verte; croissance verte; développement durable.

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Introduction
Le concept de l’économie verte recèle un potentiel de croissance durable et de création
d’emplois beaucoup plus important que le modèle conventionnel. Les Etats engagés dans ce
nouveau modèle ont mis en place une stratégie nationale cohérente et intégrée à tous les
secteurs économiques et sociaux. Selon certaines études, les investissements en énergies
propres sont estimés mondialement à 343 milliards en 2020 et 630 milliards en 2030, qui
permettraient la création de 20 millions d’emplois dans ce secteur. En 2012, 2,3 millions de
personnes ont déjà trouvé des emplois dans le seul secteur des énergies renouvelables. Le
marché des marchandises liées à l’environnement devrait passer de 1370 milliards de dollars
par an à 2740 milliards de dollars, en 2020, soit un taux de croissance annuel moyen de 7%.
Selon le rapport de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES, 2012) : "Le Maroc
gagnerait à se positionner sur le marché des biens et services de l’environnement axé sur des
activités de production de marchandises à haute valeur ajoutée."
C’est ainsi que, le Maroc a adopté dans sa stratégie de développement le concept de
développement durable qui favorise l'équilibre entre les dimensions environnementales,
économiques et sociales, avec pour objectifs l'amélioration du cadre de vie des citoyens, le
renforcement de la gestion durable des ressources naturelles et la promotion des activités
économiques respectueuses de l'environnement. Des réformes institutionnelles,
règlementaires et financières et des politiques incitatives sont déjà mises en œuvre par le
Maroc pour améliorer l’intégration de la dimension environnementale et promouvoir le
développement de filières stratégiques telles que les énergies renouvelables, l’efficacité
énergétique, l’économie de l’eau, la gestion durable des déchets solides et liquides,
l’agriculture inclusive, l’aquaculture ou encore l’écotourisme. C’est ainsi que la préservation
de la durabilité environnementale et le maintien d’un régime de croissance créateur de
richesses et d’emplois passe inéluctablement par le recours à l’économie verte. Ce papier est
une contribution qui essaie de montrer le processus de transition de l’économie marocaine
vers une économie verte dans le contexte du développement durable. Il s’agit de répondre à
deux questions :
- Quelles politiques et stratégie adoptées par le Maroc pour favoriser une transition vers
une économie verte dans un contexte de développement durable?
- Quelles mesures et actions à mettre en évidence de plus en plus par le Maroc dans ce
contexte?
Pour qualifier les relations entre économie et environnement et avant de répondre à ces
questions, nous essayons de clarifier, délimiter et de définir les concepts de l’économie verte,
de la croissance verte et du développement durable.
1. Economie verte : de quoi parle-t-on ?
L’économie verte correspond à un mode de développement économique orienté vers la
viabilité écologique, la rentabilité économique et l’inclusion sociale. Elle promeut donc un
développement qui soutient une amélioration du bien-être et une égalité sociale ; visant
parallèlement la réduction significative des risques pour l’environnement et la prévention de
l’appauvrissement écologique.
Le terme d’économie verte renvoie à la généralisation du concept de développement durable
ou soutenable et conduit à ce que la majorité des agents économiques considèrent le respect
de l’environnement comme incontournable. C’est une contrainte liée à la pérennité de
l’économie à long terme, puisque les dégradations liées à l’activité économique d’aujourd’hui
peuvent menacer le bien-être et l’activité de demain. Selon le PNUE (2011) : "une économie
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verte entraîne une amélioration du bien-être et de l'équité sociale, tout en réduisant


considérablement les risques de pénuries écologiques. Plus simplement, une économie verte
peut être définie comme une économie possédant les caractéristiques suivantes: de faibles
émissions de CO2, une gestion durable des ressources, et qui est socialement inclusive."
Pratiquement, une économie verte doit entrainer une croissance du revenu et de l'emploi par
des investissements qui protègent l’environnement, une amélioration de l'efficacité
énergétique et de la gestion des ressources naturelles et une réduction de la perte de la
biodiversité. Ces investissements doivent être soutenus par des dépenses publiques, des
réformes politiques et des changements de réglementation.
Greffet P et al (2012), ont précisé dans une étude qu’il existe deux approches pour définir et
quantifié une activité verte :
- Une approche par les impacts : une activité est considérée comme verte quand elle
est moins polluante et moins consommatrice de ressources.
- Une approche par la finalité économique : une activité est dite verte si elle vise la
protection de l’environnement.
Nombreux sont les termes qui sont utilisés pour qualifier les relations entre économie et
environnement. Le tableau suivant montre certains termes :
Tableau n°1. Termes utilisés pour qualifier les relations entre économie et
environnement
Croissance verte - ne repose pas sur des concepts économiques
clairement établis.
- notion plus ancrée sur un modèle économique,
Développement durable - intègre les dimensions économiques,
environnementales et sociales en tenant compte des
arbitrages entre générations.
Eco-activités ou économie - sont utilisés pour définir un périmètre statistique qui
verte permet de quantifier la part du « vert » dans
l’économie.

D’un pont de vue théorique, les études considèrent l’environnement comme un ensemble de
ressources naturelles, un « capital environnemental » qui, comme d’autres formes de capital
(humain, matériel, technologique), constitue un facteur contribuant à la production de
richesses, à la croissance économique, et au bien-être des agents économiques. Il possède des
caractéristiques économiques particulières. Certaines ressources naturelles sont disponibles en
quantités finies et ne sont pas renouvelables (charbon ou pétrole); d’autres ressources sont des
biens publics et peuvent être affectées par des « effets externes » : par exemple, la qualité de
l’air et de l’eau dépend de l’activité économique, de la pollution engendrée par l’activité
humaine et des modalités de stockage des déchets, sans que ces impacts soient parfaitement
pris en compte par les acteurs économiques.
L’OCDE (2012) retient qu’une politique de croissance verte consiste à favoriser la croissance
économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de
fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être.
Pour ce faire, elle doit catalyser l’investissement et l’innovation qui étaieront une croissance
durable et créeront de nouvelles opportunités économiques.
La « croissance verte » qui s’appuie sur l’environnement et l’économie est un volet d’une
notion plus générale, le développement durable.

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2. L’économie verte : nouvelle étape du développement durable ?


La conférence de Stockholm sur l’environnement (1972), organisée par les Nations Unis
s’interroge sur les interactions entre écologie et économie et sur les conditions d’un modèle de
développement compatible avec la protection de l’environnement et l’équité sociale. Il s’agit
du premier Sommet de la Terre, où apparaît le terme d’éco-développement qui préfigure celui
de développement durable. Ce dernier est apparu pour la première fois dans les années 1980,
avant d’être popularisé par le rapport Brundtland et la conférence de Rio en 1992.
Dans le rapport Brundtland (1987), le développement durable est défini comme "un
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs". La commission Brundtland postule que ainsi que le
développement à long terme n’est viable qu’en conciliant le respect de l’environnement,
l’équité sociale et la rentabilité économique. La conférence de Rio(1992) précise qu’il
s’appuie sur la conciliation de trois piliers : économique, écologique et social.
Le concept de développement durable vise deux objectifs : la compatibilité entre la
satisfaction des besoins actuels et celle des besoins des générations futures ; la conciliation
entre le développement économique, la protection de l’environnement et l’équité sociale.
C’est ainsi que pour Franck-Dominique Vivien (2012) :
- Rio+20 (2012) est un sommet qui a résolument mis l'accent sur le pilier économique.
- Il succède à la première conférence de Rio (1992) qui avait insisté sur les questions
environnementales et au Sommet de Johannesburg qui (2002), qui avait mis la priorité
sur les questions sociales.
La réalisation du développement durable "ne sera possible que si les piliers environnementaux
et sociaux (…) sont traités sur un pied d’égalité avec le pilier économique."(Directeur du
PNUE, 2011). L’urgence serait donc de mieux traiter les questions économiques liées au
développement durable. Et donc tout l’enjeu de l’économie verte consisterait donc à "assurer
la compatibilité entre durabilités économique et environnementale." (The World Bank, 2012).
Pour signifier l’importance de cette thématique de l’économie, les institutions internationales
décrivent les liens entre environnement et économie comme étant les plus difficiles à tisser :
cette interface entre écologie et économie serait ainsi devenue le maillon faible du
développement durable. Le Schéma suivant illustre cette difficulté :

Figure n°1. Le lien entre économie et environnement : maillon faible du développement


durable ?

Source : The World Bank, 2012

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3. Problèmes environnementaux : cas du Maroc


Le Maroc est confronté à plusieurs problèmes environnementaux. Outre la pression sur la
biodiversité, due à des facteurs socioéconomiques (déforestation, urbanisation et la
surexploitation des ressources biologiques, etc.), le Maroc se caractérise par une vulnérabilité
environnementale due à plusieurs niveaux:
- la situation de stress hydrique et ses incidences sur des secteurs clés de l’économie
marocaine dont l’agriculture et le tourisme.
- le retard accumulé en matière de gestion des déchets solides et liquides qui génère des
problèmes de salubrité publique et entrave le développement des activités
économiques.
- la forte dépendance énergétique et ses effets négatifs sur les équilibres extérieurs et sur
les finances publiques,
La situation des ressources hydriques au Maroc, qui sont déjà dans un état critique, risquerait
de devenir dans le futur un problème entravant le développement économique du pays et
l’accès de sa population à une eau salubre de qualité.
A titre d’exemple, la figure suivante traduit une évolution en baisse des ressources en eau, ce
qui constitue parmi les défis à relever:
Figure n°2. Evolution de la disponibilité en ressources en eau (m3/hab/ann)

Source : Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement,


Département de l’Environnement, 2012.

L’agriculture, qui utilise plus de 80% des ressources en eau mobilisées du pays, serait le
secteur de production le plus affecté du fait de son poids dans l’économie nationale et de son
importance sociale, des retards qu’elle accuse dans l’adoption de technologies appropriées et
du manque ou de la faible disponibilité d'instruments de gestion des risques inhérents au
climat dont elle dispose.
Le tourisme est aussi un des secteurs moteurs du développement économique et social du
pays. Il présente, cependant, des caractéristiques de fragilité et de grande sensibilité, aussi
bien aux événements économiques, sociaux et politiques, qu'au changement climatique et aux
catastrophes naturelles. Par sa nature de consommation des espaces, des paysages et des
ressources naturelles, le secteur touristique s'avère très fragile, au regard du changement
climatique qui présage un avenir incertain.

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Le retard accumulé par le Maroc en matière de gestion des déchets solides et liquides a généré
des problèmes de salubrité publique, avec d’importants risques sanitaires. La présence de
dépotoirs à l’intérieur des zones urbaines et périurbaines empêche le développement des
activités économiques et touristiques, tandis que la multiplication des décharges sauvages
autour des villes contribue à la pollution des nappes d’eau souterraine et les cours d’eau
mitoyens. En raison du déficit de traitement des déchets, la mer reçoit actuellement près de
98% de rejets liquides industriels et 52% de rejets domestiques.
On se référant aux informations du Département de l’Environnement (2012), nous résumons
dans le tableau les principaux problèmes environnementaux du Maroc :
Tableau n°2. Principaux Problèmes environnementaux
- Urbanisme : 60% de la population
Littorales et - Tourisme : 90% des infrastructures touristiques
Domaine maritime - Pollution industrielle : 80% des unités
- Extraction illicite du sable
- Erosion : 4000 t/Km2

- Pollution de l’air :
 Source fixe : pollution industrielle (7900
Aire unités)
 Pollution par les moyens (parc auto ; 2500
mille véhicules, 70% des véhicules > 10 ans
avec 55% de la pollution)
- Désertification : 92%
- Glissement de terrain
Sol - Salinisation
- Perte de soles arables
- Sécheresse
- Usage irrationnel des pesticides et engrais
- Pollution des eaux et surface : 40% qualité mauvaise
Ressource en eau - Surexploitation des eaux souterrains : 2020 < 500
m3/hab./an (stress hydrique)
- Dégradation de la qualité environnement des lacs
naturels
- Surexploitation des ressources halieutique : flotte =
2522 bateaux
Biodiversité - Invasion d’espèces étrangères
- Extinction des espèces de faunes et de flores :
 Flore : 25000 espèces 11% endémiques
 Faune : 7000 espèces, 25% endémiques
- Surpâturage
Forêt - Surexploitation
- Incendies
- Défrichement
- Urbanisation
- Sécheresse : 40 000 ha perdus par an

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Patrimoine - Dégradation de l’état des monuments historiques


- Dégradation des villes anciennes
- Manque d’entretien des monuments historiques
Déchets - Déchets ménagers : 18 000 T/J
- Déchets médicaux et pharmaceutiques : 6 000T/an
- Sacs en plastics

4. L’économie verte, pour réduire les vulnérabilités environnementales et


corriger les dysfonctionnements du modèle de développement au Maroc
Pour faire face à ces vulnérabilités, le Maroc a mis en place des stratégies sectorielles en
l’occurrence la Stratégie Nationale de l’Eau, le Plan Maroc Vert et la Vision 2020 du
tourisme.
En matière d’assainissement, le Programme National d’Assainissement Liquide, dont le coût
global est estimé à 80 milliards de dirhams à l'horizon 2030 vise à atteindre un niveau de
raccordement global au réseau de 90% et à traiter et réutiliser 100% des eaux usées collectées
à l’horizon 2030. La concrétisation de ce programme ambitieux demeure, toutefois, tributaire
du renforcement des capacités de gouvernance des collectivités locales et la mobilisation
efficiente des ressources nécessaires pour la réhabilitation et l’extension des réseaux
d’assainissement sur l’ensemble du territoire nationale.
La question énergétique figure au rang des défis majeurs à relever par le Maroc pour dégager
une meilleure configuration du développement du pays au cours des années à venir. La
situation actuelle est caractérisée principalement par :
- Des ressources énergétiques locales très limitées, se traduisant par une dépendance
presque totale (95%) à l’égard de l’extérieur.
- Une demande énergétique en constante augmentation, en lien avec les besoins des
différents secteurs de l’économie marocaine et la croissance démographique.
- Une facture énergétique en forte progression, dans un contexte de renchérissement
durable des produits pétroliers sur le marché mondial, menaçant les équilibres externes
du pays et affectant la soutenabilité de ses finances publiques.
Plusieurs initiatives ont été lancées par le Maroc pour assurer à terme sa sécurité énergétique,
dont notamment :
- Le Plan solaire et programme éolien, assortis d’investissements conséquents, pour
répondre aux besoins futurs du Maroc en termes d’énergie. Cela permettrait, aussi, de
contribuer à l’effort de réduction du GES (éviter l’émission de 3,7 millions de tonnes
de CO2 par an), tout en favorisant la création d’emplois additionnels (23 000 emplois
à l’horizon 2020),
- La Stratégie nationale de l’Efficacité Energétique, dotée d’un investissement de 21
milliards de dirhams, qui ambitionne de réduire la facture énergétique, en termes réels,
de 15% à l’horizon 2030, avec un potentiel de création d’emplois estimé à 36 800
emplois à l’horizon 2020.
La réussite de la stratégie énergétique nécessite, toutefois, quelques prérequis de base, en
particulier l’accélération de l’industrialisation du pays et la mise en œuvre de programmes de
recherche-développement conséquent, étroitement corrélés aux priorités stratégiques du pays.

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5. Les mesures prises par le Maroc pour assurer un développement


durable et un ancrage de l’économie verte
La Commission économique pour l’Afrique des Nations Unis (2014), souligne dans son
rapport que "la transition vers une économie verte respectueuse des équilibres écologiques et
susceptible d’ouvrir de nouvelles opportunités de création de richesses et d’emplois durables,
s’inscrit désormais comme un objectif majeur des nouvelles approches stratégiques du
développement durable en cours d’adoption par certains pays de l’Afrique du Nord, et en
particulier le Maroc".
C’est ainsi que, le Maroc a mis en place les fondements visant à instaurer le développement
durable à travers plusieurs réformes politiques, institutionnels, juridiques et socio-
économiques. Ce processus a été renforcé par l'adoption de la Charte Nationale de
l’Environnement et du Développement Durable. La concrétisation de ce processus s'est
traduite par:
- l'intégration des principes de développement durable dans les stratégies sectorielles,
- la mise en œuvre de la Stratégie de Mise à Niveau de l'Environnement (MANE) et de
Initiative Nationale pour le développement Humain (INDH).
- La Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable qui se décline
en deux stratégies : la Stratégie Nationale de l’environnement et la Stratégie Nationale
du Développement Durable.
Au niveau des ses engagements internationaux, le Maroc a ratifié plus de 80 accords
multilatéraux de l’environnement, a participé activement aux différents forums internationaux
pour la recherche de solutions aux problématiques environnementales et a crée un Comité
National de Changement Climatique et un Conseil National pour le Mécanisme de
Développement Propre.
En matière de protection de la biodiversité, un Comité National de la Biodiversité a été établi,
et une Stratégie Nationale et un Plan d’Action ont été élaborés. En termes de conservation de
la biodiversité, une loi sur les aires protégées a été promulguée et un Plan Directeur des Aires
Protégées a été établi.
6. Pilier économique, social et environnemental
Le Maroc, conscient des enjeux planétaires d’une part et des ses contraintes géophysiques et
financières d’autre part, a sécurisé les bases d’une économie performante moins exposée aux
aléas climatiques dans un premier temps, avant d’entamer sa transition vers une économie
verte.
Partant du constat que le développement durable passe nécessairement par une performance
économique stable, nous estimons que les réformes menées dans le secteur économique et
financier peuvent aboutir à une plus grande équité sociale et une meilleure gestion des
ressources.
Au niveau de la systématisation des approches sectorielles, le Maroc a adoptée deux types de
stratégies:
- Les stratégies de première génération : stratégie industrielle (Emergence de 2004 et
Emergence II en 2009) ou encore la toute première stratégie touristique (plan Vision
2010 : 2001) qui développent une approche territorialisée mais essentiellement basée
sur des critères socio-économiques.
- Les stratégies de 2ème génération intègrent progressivement les composantes
environnementales, comme la stratégie agricole, le contrat programme Logistique, la

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dernière stratégie touristique, le plan Rawaj et Maroc Numeric ou encore la nouvelle


stratégie énergétique (NSE : 2009).
La mise en œuvre des stratégies sectorielles et transversales depuis la décennie 2000 a
concerné deux axes : la prévention des pollutions et le découplage des performances
sectorielles avec la pression sur les ressources. Parmi ces stratégies transversales visant à
améliorer les efficacités énergétiques et hydriques:
- Le Plan National d’Actions Prioritaires: programme de généralisation de l’utilisation
des lampes à basse consommation.
- Le programme national d’efficacité énergétique: Vise une économie de 15% en
énergie à l’horizon 2020 à travers l’amélioration des performances énergétiques dans
différents secteurs.
Au niveau du pilier social le Maroc essaye d’assurer une transition progressive. C’et ainsi
que, santé, éducation et lutte contre la pauvreté et l’exclusion ont été au cours des deux
dernières décennies une priorité au niveau de l’action sociale (plus de 30% du budget de
l’Etat). Toutefois, l’action seule de l’Etat n’est pas suffisante et un tournant est marqué en
2005 lors du lancement du programme INDH qui intègre fortement la société civile dans
l’effort. Avec ce programme, au-delà du bilan chiffré, est né un dynamisme qui s’est renforcé
professionnalisé et laisse présager des perspectives de développement intéressantes.
Au niveau du pilier environnemental et de son importance dans le développement durable, au
lendemain du Sommet de Rio de 1992, le Maroc a procédé à la création d’un Département
Ministériel chargé de l’environnement. La prise de conscience des enjeux environnementaux
a entrainé progressivement une coordination de l’ensemble des parties prenantes: ONG,
opérateurs économiques…
Cette action environnementale a été opérationnalisée et mise en marche grâce au
renforcement du cadre institutionnel et juridique. En plus du renforcement des outils de suivi,
d’évaluation et de prévention, des instruments économiques et financiers, de la coopération
internationale et de l’action de sensibilisation.
Malgré ces renforcements, les problèmes de l’environnement ne cessent de prendre de
l’ampleur:
- dégradation intense des ressources naturelles et du cadre de vie des populations due à
la pollution de l’air, des eaux continentales et marines,
- désertification des sols,
- dégradation des forêts, de la biodiversité, du littoral,
- nuisances des décharges sauvages, etc.
Face à ce constat, l’action s’est articulée sur la mise à niveau environnementale composée de
plusieurs programmes d’envergure comme le Programme National d’Assainissement liquide
et le Programme National de Gestion des Déchets Ménagers.
7. Quelles mesures pour accompagner le Maroc dans sa transition vers une
économie verte?
Le Maroc gagnerait à adapter l’ensemble de ses politiques publiques, en fonction des
exigences de l’économie verte, tout en renforçant leur cohérence d’ensemble. L’instauration
d’un cadre de coordination, bénéficiant d’une position hiérarchique privilégiée serait
opportune pour s’assurer de l’intégration de l’option de l’économie verte dans l’ensemble des
secteurs et de sa mise en œuvre appropriée par les différents acteurs.
Dans le domaine de l’eau et de l’agriculture, tout en révisant complètement sa stratégie de
l’eau, le Maroc doit accélérer la reconversion écologique des modes de production de son

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agriculture afin d’assurer non seulement la couverture de ses besoins alimentaires, mais aussi
de se positionner en tant qu’acteur mondial de la sécurité alimentaire, à travers le
développement de la production des fertilisants, en ciblant en particulier le continent Africain,
qui représente le plus potentiel nourricier de la planète. Par le biais des technologies vertes et
de renforcement des capacités des agriculteurs, le Maroc serait en mesure de mobiliser les
marges importantes dont il dispose en termes d’amélioration de la productivité agricole.
Dans le domaine de l’énergie, l’articulation de la stratégie énergétique avec la stratégie
industrielle s’avère primordiale pour favoriser le développement de plateformes industrielles
et technologiques intégrées, répondant aux besoins d’équipement du pays et opérant sur la
base des principes de l’efficacité énergétique, de l’usage efficient des matières premières et de
la sauvegarde des milieux naturels. A ce titre, l’attraction des investissements étrangers doit
cibler en priorité ceux qui favorisent le transfert du savoir et du savoir-faire dans le domaine
des technologies propres et de la production d’équipements verts.
Le développement des nouvelles filières énergétiques suppose la formation de nouvelles
compétences professionnelles. Outre la mobilisation des compétences locales, le Maroc
devrait, aussi, mettre à contribution les compétences des Marocains du Monde.
Pour son déploiement, la stratégie nationale de l’économie verte nécessite des moyens
financiers conséquents. De ce fait, les sources de financements endogènes et exogènes
devraient être envisagées et intégrées. Dans ce cadre, une réforme fiscale et budgétaire
s’avèrerait nécessaire pour harmoniser les impératifs de durabilité environnementale,
d’inclusion sociale et de croissance économique.
Des politiques incitatives devraient être mises en œuvre, à travers un partenariat entre l’Etat,
d’une part, le secteur privé, les collectivités locales et les ONG, d’autre part. Etant donné que
certains secteurs pourraient connaitre une forte contraction, l’Etat devrait prévoir des mesures
compensatoires en faveur du secteur privé pour favoriser la transformation de l’économie et
promouvoir des investissements à faible consommation de ressources naturelles et d’énergie.
La mobilisation des fonds disponibles de la coopération internationale est incontournable.
Cela requiert, à l’évidence, un renforcement des capacités nationales en matière de
négociations sur les questions de financement des projets environnementaux et une
dynamisation de la présence du pays au sein des instances internationales du domaine
environnemental.
Parallèlement aux mesures de politiques publiques destinées à favoriser le développement
d'une économie verte, quelques actions d'accompagnement seraient nécessaires. Il s’agit, en
particulier :
- Améliorer l’efficacité du cadre réglementaire et institutionnel. C’est ainsi que
l’application effective des lois en matière de respect de l’environnement est essentielle
pour accélérer la transition du Maroc vers l’économie verte rapidement. Ce cadre
juridique devrait être revu dans son intégralité et simplifié en vue de faciliter son
application.
- Développer l’appropriation collective des enjeux liés à l’économie verte en
sensibilisant les populations aux opportunités de l’économie verte afin de se comporter
comme étant des citoyens responsables. L’adoption d’une approche participative et
partenariale est incontournable pour favoriser l’adhésion des populations aux projets
de développement économique et social à impact positif sur l’environnement, tout en
contribuant au renforcement de la bonne gouvernance à l’échelle des territoires.
- Exploiter les opportunités liées aux accords de libre échange conclus par le Maroc. Le
Royaume devrait mettre à contribution son réseau de partenariats économiques pour se

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positionner dès maintenant sur des marchés importants de l’économie verte à l’échelle
internationale. Il s’agit, notamment, des Etats-Unis, de l’Europe, de la Turquie et de
certains pays arabes. L’objectif escompté est de faire du Maroc un hub régional et
international, en matière de production et d’exportation de technologies vertes.
Conclusion
Le Maroc considère l’économie verte comme un enjeu prioritaire, clairement énoncé dans la
stratégie nationale de développement durable, qui contribue à la préservation de
l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la valorisation des ressources, la
création d’emplois, l’amélioration de la performance industrielle, et qui participe à l’équilibre
des territoires.
Les limites des modèles de croissance et de développement, suivis jusqu’à présent par le
Maroc, pour réduire les vulnérabilités sociale, économique et environnementale ainsi que pour
fournir d’autres voies d’accès au développement durable, montrent que l’adoption de l’option
de l’économie verte est primordiale. Sur la base des expériences internationales, il est évident
que la question n’est plus de savoir si une transition vers une économie verte est nécessaire,
mais plutôt de déterminer comment va-t-elle être exécutée.
Les enseignements tirés de la mise en œuvre des initiatives et des programmes sectoriels en
cours devraient alimenter la réflexion et le choix des options dans le cadre de l’élaboration
d’une stratégie globale structurante de l’économie verte.
Des efforts complémentaires sont attendus dans les domaines suivants : adaptation et
application de la règlementation, fiscalité environnementale, tarification des biens et services
environnementaux, mécanismes de financement durables et adaptés, mobilisation des
connaissances et de l’innovation et enfin le suivi-évaluation.
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