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L'Antiquité.
Toutes les civilisations anciennes ont eu des préoccupations géographiques. On peut ainsi aller chercher les premières traces d'une géographie en Mésopotamie, en Égypte Les
Phéniciens et les Carthaginois.
Les
Grecs.
Le premier travail
systématique sur la géographie scientifique fut entrepris par Eratosthène,
qui vivait à Alexandrie dans la dernière
partie du IIIe siècle av. J.-C. Son système
( Environ un siècle
et demi après Hipparque, Strabon,
Grec du Pont et explorateur célèbre, écrivit une géographie pleine
d'intérêt et de vues qu'a confirmées en partie la science moderne. Ses
Geographica Plus fameux encore
fut Ptolémée, qui vivait à Alexandrie
vers le milieu du IIe siècle après J.-C.
et fut l'auteur d'une
Géographie Les
Romains.
Lorsque l'on compare la géographie des Romains à celle des Grecs, on constate que s'opposent deux conceptions autour desquelles s'articulera toute la géographique appelée à se constituer ultérieurement. La première et la plus ancienne, qu'on pourrait appeler la conception grecque (Aristote, Hipparque, Eratosthène, etc.), consiste à poursuivre une connaissance vraiment philosophique du monde, à rechercher avant tout l'enchaînement des phénomènes, et comment ces phénomènes se subordonnent les uns aux autres. A cette conception vraiment scientifique de la géographie, que les Grecs (Hérodote excepté) ont poussée jusqu'à l'excès en allant jusqu'à faire de la géographie systématique, s'oppose la conception romaine, purement utilitaire et pratique; dominés par des intérêts de commerce, par des préoccupations administratives, par des ambitions de conquête, les Romains ont su faire des dictionnaires topographiques, établir des itinéraires précis (Vispianus Agrippa, Pline). Le Moyen Âge.
Au VIIe
siècle, malgré les voyages en Palestine, la géographie ne fait aucun
progrès chez les Latins. L'empire arabe devient, au VIIIe
siècle, le siège d'un grand mouvement scientifique dont la géographie
a sa part. Massoudi,
Ibn
Haukal, Edrisi (al-Idrisi), Ibn el Ouardy,
Hamdoullah, Aboulfeda, El Bakoui, les grands
noms de la géographie médiévale sont tous arabes. Au IXe
siècle, les Vikings Les découvertes
maritimes (XIVe - XVIIIe
s.).
En 1520,
Magellan
passa le détroit qui porte son nom, traversa le Pacifique, et le dernier
vaisseau, commandé par El Cano, revint en Europe Sculptures du monument des Découvertes, à Lisbonne. C'est un hommage aux découvreurs portugais des XVe et XVIe siècles. Source : The World Factbook. L'ère des grandes
découvertes inaugurée par Vasco de Gama et qui
trouve son couronnement avec le voyage de Magellan,
vite suivi par celui de Drake, aura ainsi été
l'occasion d'un immense agrandissement du champ des investigations. Au
XVIe siècle, les Anglais
et les Hollandais firent d'audacieux et
de persévérants efforts pour trouver un passage qui permît d'atteindre
l'Inde Au commencement du
XVIIe siècle, les Hollandais
découvrirent l'Australie (peut-être déjà signalée par Andrea
Corsali, au siècle précédent), qu'ils appelèrent Nouvelle-Hollande.
En 1642,
Tasman trouva la terre de Van Diemen
ou Tasmanie, et peu après, la Nouvelle-Zélande et plusieurs groupes d'îles
de la Polynésie. Le capitaine Cook dans ses voyages
(1768-1679) augmenta les connaissances géographiques. Les navigateurs
français La Pérouse, Bougainville,
d'Entrecasteaux,
etc. ont également participé au XVIIIe
siècle à accroître les connaissances géographiques en Océanie Pendant toute cette
période, parallèlement aux découvertes de terrain, la géographie s'est
également dotée de nouveaux outils, en particulier grâce aux progrès
de la cartographie Les dernières
terres inconnues.
La renaissance
géographique du XIXe siècle.
Ainsi, la géographie
est devenue enfin à partir du XIXe siècle
vraiment la science de la Terre Ce n'est pas à dire,
comme le feront comprendre les initiateurs de cette renaissance géographique
que la géographie, dont l'objet est la vie présente de la Terre C'est de la combinaison de tous ces éléments, divers et multiples, c'est aussi de leur modification les uns par les autres que résulte la caractéristique d'une contrée, et c'est l'art du géographe, comme le propre même de la géographie, de démêler dans l'étude qu'il fait de chaque pays l'importance relative des divers phénomènes. S'il attribue systématiquement à une classe déterminée de phénomènes ou même à un phénomène particulier une place prépondérante, il ne fait plus de la géographie, mais de la géophysique (ou même de la géomorphogénie), de l'anthropogéographie, de la géographie économique, ou autre chose encore. Les géographes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, dont Paul Vidal Lablache et Marcel Dubois ont été deux des principales figures de ce renouvellement du regard géographique, ont su se garder des divers dangers qui pouvaient les amener à ne cultiver que telle ou telle branche de la science; comme Ritter, comme Reclus, ils ont continué à faire, en de larges efforts de synthèse, non plus une géographie des liste et des inventaires, mais une géographie des relations et des corrélations - de la véritable géographie, en somme. La géographie
du XXe siècle.
La Première Guerre mondiale a un impact majeur sur la géographie, car elle a conduit à une utilisation accrue de la cartographie militaire et de la géographie stratégique. Les géographes, en fournissant des cartes détaillées et des analyses des terrains, jouent un rôle clé dans la planification des opérations militaires. Les géographes sont mobilisés pour leur expertise sur les frontières, les ressources et les populations. Après la guerre, la géographie continue de se développer en tant que discipline académique, avec l'ouverture de nombreux départements de géographie dans les universités. À la fin des années 1920 et au début des années 1930, la géographie humaine, qui se concentre sur les interactions entre les humains et leur environnement, est reconnue comme une sous-discipline distincte. Cette période voit également l'apparition de nouvelles méthodes de recherche, comme la statistique et l'analyse spatiale. En Allemagne, Carl Sauer développe l'école culturaliste, insistant sur le rôle des sociétés dans la transformation des paysages. Aux États-Unis, l'accent est mis sur l'étude des paysages culturels, tandis que la géographie économique, influencée par les travaux de Walter Christaller sur la théorie des lieux centraux, commence à se structurer autour de l'analyse des localisations industrielles et des réseaux de transport. La discipline bénéficie également des progrès techniques, notamment dans la cartographie et la photographie aérienne. Comme lors du conflit précédent, la Seconde Guerre mondiale implique la géographie de façon décisive. Elle favorise l'essor de nouvelles techniques. L'accélération du développement de la photographie aérienne à des fins de renseignement militaire ouvre des perspectives inédites pour l'observation de la Terre et l'analyse des paysages. De plus, la logistique complexe des opérations militaires à l'échelle mondiale stimule la recherche en matière de localisation et d'organisation spatiale. La guerre conduit également à une meilleure compréhension des dynamiques géopolitiques et des relations internationales, ce qui a influencé la géographie politique. Durant les années 1950 et 1960, la géographie connaît une période de croissance rapide, avec l'expansion des universités et des programmes de recherche. Les géographes commencent à utiliser des techniques de terrain avancées, comme la photographie aérienne et la télédétection, pour étudier les paysages naturels et humains. L'après-guerre est aussi une période de reconstruction et de modernisation qui voit l'émergence d'une géographie appliquée. Les géographes sont de plus en plus sollicités pour participer à l'aménagement du territoire, à l'urbanisme et à la planification régionale. En France, cette tendance se traduit par une collaboration étroite avec les pouvoirs publics pour penser la décentralisation industrielle, l'équipement des campagnes et la croissance des villes. La période de la Guerre froide a également un impact considérable, notamment en géopolitique. La division bipolaire du monde nourrit une abondante recherche sur les stratégies territoriales des superpuissances, les zones d'influence. La course à l'espace, née de cette rivalité, a par ailleurs été le moteur du développement de la télédétection par satellite, qui allait révolutionner les capacités d'observation et d'analyse de la surface terrestre à grande échelle. De son côté, le processus de décolonisation, qui s'accélère après 1945, contraint la géographie à un examen de conscience. Longtemps complice de l'entreprise coloniale en fournissant des savoirs sur les territoires et les peuples à dominer, la géographie doit désormais repenser ses concepts et ses méthodes. Parallèlement, la géographie physique, devenue discipline à part entière au début du siècle en même temps que la géographie humaine se constituait, se renouvelle grâce aux progrès de la géomorphologie, de la climatologie et de l'hydrologie. Les interactions entre milieux naturels et activités humaines sont étudiées de manière plus fine. Les études commencent à intégrer les problématiques environnementales qui allaient prendre de l'ampleur par la suite. Le véritable tournant épistémologique se produit dans les années 1950 et 1960 avec la nouvelle géographie ou géographie quantitative et théorique. Née dans le monde anglo-saxon, cette révolution cherche à faire de la géographie une science à part entière en adoptant les lois et les modèles des sciences dites dures. Rejetant l'approche jugée trop descriptive et littéraire de la géographie classique, les partisans de ce courant, inspirés par les sciences économiques et les modèles de centralité de Christaller ou de Lösch, privilégient l'utilisation de méthodes statistiques, de modèles mathématiques et de l'informatique naissante et développent des approches systémiques pour analyser l'organisation de l'espace. L'objectif est de dégager des lois universelles expliquant la répartition des phénomènes géographiques, comme les théories de la localisation des activités économiques ou les modèles de diffusion spatiale. L'espace devient une surface abstraite, isotrope, sur laquelle on peut mesurer des flux, des densités et des hiérarchies. Des figures comme William Garrison aux États-Unis ou Richard Chorley en Grande-Bretagne jouent un rôle clé dans cette transformation. Cependant, cette approche quantitative, perçue comme déshumanisante et technocratique, suscite rapidement de vives critiques. Des géographes , influencés par les courants néo-marxistes et par les sciences sociales, commenct à analyser l'espace comme produit des rapports de pouvoir et des inégalités économiques. Des figures comme David Harvey, aux Etats-Unis, ou Yves Lacoste, en France avec sa revue Hérodote, dénoncent l'instrumentalisation de la discipline au service des pouvoirs économiques et politiques ("La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre"). Ils mettent l'accent sur des thèmes comme la ségrégation urbaine, le sous-développement, l'impérialisme et les conflits pour l'appropriation de l'espace. La géographie redevient un outil de critique sociale et un savoir militant. Ces conceptions sont également contemporaines d'un courant dit humaniste, influencé par la phénoménologie et l'existentialisme, et qui s'intéresse aux perceptions, aux représentations et aux expériences vécues de l'espace par les individus. Des chercheurs comme Yi-Fu Tuan replacent l'individu, sa perception et son expérience vécue de l'espace au cœur de l'analyse. Des concepts comme le lieu (espace transformé en place par l'expérience humaine), le sentiment d'appartenance ou la topophilie (l'amour des lieux) sont étudiés. La géographie humaniste s'intéresse aux dimensions symboliques, culturelles et subjectives du rapport de l'humain au monde, en recourant volontiers aux sources littéraires ou artistiques pour saisir la complexité de l'expérience spatiale. Cette approche permet de renouveler les études sur les paysages, les identités territoriales et les rapports affectifs que les sociétés entretiennent avec leur environnement. La géographie
depuis les années 1980.
Sur le plan méthodologique, l'essor des technologies de l'information transforme radicalement la pratique géographique. L'apparition et la généralisation des systèmes d'information géographique (SIG), du GPS et de l'imagerie satellitaire permettent des analyses spatiales d'une précision inédite. Ces outils, qui révolutionnent la cartographie, permettent de collecter, de stocker, de traiter et de visualiser d'immenses quantités de données géolocalisées. Les SIG, couplés à la télédétection de plus en plus précise, ont transformé la pratique de la géographie dans de très nombreux domaines, de l'environnement à la gestion des risques, de l'urbanisme au marketing. Dans les dernières décennies du XXe siècle et au début du XXIe siècle, la géographie devient de plus en plus interdisciplinaire. Elle dialogue avec la sociologie, l'anthropologie, les études urbaines, les sciences politiques et les sciences de l'environnement. Les géographes s'intéressèrent aux flux migratoires, à la mondialisation, aux réseaux transnationaux, aux espaces numériques et aux mobilités. La notion d'espace vécu, de lieu et de non-lieu (Marc Augé) devient centrale, tout comme les questions de gouvernance territoriale et de résilience urbaine. L'écologie politique et la géographie environnementale sont en première ligne face aux enjeux croissants de dégradation écologique, de changement climatique et de justice environnementale. Des concepts comme l'Anthropocène ou la vulnérabilité environnementale sont intégrés dans les analyses spatiales. En somme, la géographie actuelle ne se limite plus à l'étude des lieux et des régions, mais s'attache à comprendre les processus complexes qui façonnent l'espace à toutes les échelles et dans toutes les dimensions de l'expérience humaine.
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