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Le
magnétisme
est une force physique qui agit entre des particules
de divers corps, comme les aimants ou certains
matériaux spécifiques. Cette interaction
peut être attractive ou répulsive. Les aimants possèdent une structure
interne où leurs atomes sont organisés de manière à générer des pôles
magnétiques : le nord et le sud. Lorsque deux pôles d'aimants se rapprochent,
le pôle nord attire le pôle sud, tandis que deux pôles identiques se
repoussent. Ce phénomène trouve ses racines dans l'électricité, car
c'est le mouvement des charges électriques
qui engendre la force magnétique.
Outre la boussole,
qui est peut-être la plus ancienne utilisation du magnétisme, celui intervient
dans de nombreuses technologies. L'imagerie par résonance magnétique
(IRM) exploite les propriétés magnétiques des noyaux
atomiques du corps humain pour produire des images détaillées des
organes et des tissus. Les trains à lévitation magnétique (Maglev) utilisent
de puissants aimants pour flotter au-dessus des rails, permettant des vitesses
très élevées avec un minimum de friction (plusieurs lignes sont déjÃ
opérationnelles en Chine, au Japon
et en
Corée du Sud). De nombreux composants
électroniques, comme les inductances et les transformateurs, sont basés
sur les principes du magnétisme. En fait, ds haut-parleurs aux fermetures
de sacs à main, en passant par les plaques à induction et les aimants
de réfrigérateur, le magnétisme est omniprésent dans nos objets de
tous les jours.
Concepts fondamentaux
du magnétisme
L'origine du magnétisme
: le mouvement des charges.
Le magnétisme n'est
pas une force intrinsèque distincte de l'électricité. Il est en réalité
une manifestation du mouvement des charges électriques. Un champ magnétique
est créé dès qu'une charge électrique est en mouvement. À l'échelle
atomique, deux mouvements principaux des électrons sont à l'origine du
magnétisme :
• Le
moment
cinétique orbital. - En se déplaçant autour du noyau, les électrons,
qui sont des charges négatives, créent une minuscule boucle de courant.
Cette boucle de courant génère un champ magnétique, appelé moment magnétique
orbital.
• Le moment
cinétique de spin. - Plus fondamental encore, l'électron possède
une propriété quantique intrinsèque appelée spin.
On peut se le représenter (de manière imagée) comme une rotation de
l'électron sur lui-même. Ce "mouvement" de charge crée le moment magnétique
de spin. C'est cette propriété qui est la source principale du magnétisme
dans la plupart des matériaux.
Dans la majorité des
atomes, les moments magnétiques des différents électrons s'orientent
de manière aléatoire de sorte qu'ils s'annulent mutuellement. Cependant,
pour certains atomes (comme le fer, le cobalt
ou le nickel), une organisation collective de
ces moments magnétiques peut se produire, donnant naissance à des propriétés
magnétiques observables à grande échelle.
Le champ magnétique
L'espace situé
au voisinage d'un aimant (qu'il sagisse d'un matériau aimanté ou de l'effet
équivalent produit par un courant électrique) et sous l'influence de
cet aimant se nomme champ magnétique.
Cet espace est théoriquement infini, quelle que soit la puissance de l'aimant;
pratiquement, il est limité là où cessent d'être appréciables les
effets magnétiques. Cette région de l'espace, où donc une force magnétique
peut s'exercer, n'est pas une substance matérielle, mais une modification
des propriétés de l'espace lui-même, créée par l'aimant.
Le
champ magnétique, noté B, est un champ vectoriel. Autrement
dit, en tout point de l'espace, il possède une magnitude (son intensité)
et une direction. L'unité de mesure du champ magnétique dans le Système
International (SI) est le tesla (T). Le champ magnétique terrestre, par
exemple, est très faible, de l'ordre de 50 microteslas (5.10−5
T).
Force
de Lorentz.
Le champ magnétique
se manifeste ainsi par la force qu'il exerce sur les charges électriques
en mouvement, connue sous le nom de force de
Lorentz. Pour une charge q se déplaçant à une vitesse v dans un
champ magnétique B, la force magnétique F​ est donnée
par la formule : F= q (E + v Λ B). Cette
formule vectorielle implique que la force est toujours perpendiculaire
à la fois à la vitesse de la charge et au champ magnétique. C'est pourquoi
les champs magnétiques ne travaillent pas : ils ne peuvent que dévier
une particule chargée, pas l'accélérer ou la ralentir.
Lignes
de champ magnétique.
Pour visualiser
un champ magnétique, on utilise le concept de lignes de champ. Ces lignes
imaginaires indiquent la direction que prendrait une aiguille aimantée
abandonnée dans le champ. Elles ont les caractéristiques suivantes :
• À la
différence des lignes de champ électrique
qui peuvent partir d'une charge positive et finir sur une charge négative,
les lignes de champ magnétique sont toujours des boucles fermées. Elles
ne commencent ni ne finissent nulle part. Par convention, on dit qu'elles
"sortent" du pôle Nord d'un aimant et "rentrent" par le pôle Sud, mais
elles se poursuivent à l'intérieur de l'aimant pour former une boucle
complète.
Inexistence
du monopôle magnétique. - La nature en boucle fermée est une conséquence
d'une loi fondamentale : il n'existe pas de "charge magnétique" isolée,
ou monopôle
magnétique. Si vous coupez un aimant
en deux, vous n'obtiendrez jamais un pôle Nord isolé et un pôle Sud
isolé. Vous obtiendrez deux nouveaux aimants, chacun avec son propre pôle
Nord et son propre pôle Sud.
• Le vecteur de champ
magnétique à chaque point de l'espace est tangent à la ligne de champ
qui passe par ce point.
• La densité des
lignes (leur resserrement) indique l'intensité du champ. Plus les lignes
sont proches les unes des autres, plus le champ est intense.
• Quand on représente
ces lignes, on convient leur nombre par unité de surface au voisinage
d'un point est proportionnel à l'intensité du champ à ce point.
• Les lignes de
champ ne se coupent en aucun point de l'espace.
Flux
magnétique.
On appelle densité
d'induction magnétique
ou flux magnétique à travers une surface S, le produit de l'induction
magnétique B par la surface et par le cosinus de l'angle
que le vecteur d'induction forme avec la normale à la surface.
=
BS cos
L'unité de flux
magnétique est le weber (Wb).
Induction magnétique
et substances magnétiques.
L'induction magnétique
est le phénomène par lequel certaines substances sont magnétisées lorsqu'elles
sont dans un champ magnétique. L'aimant qui produit le champ est appelé
inducteur.
Les substances magnétisées
dans le même sens du champ sont dites paramagnétiques; si la magnétisation
est intense, elles sont appelées ferromagnétiques et si elles sont magnétisées
dans le sens opposé, diamagnétiques.
L'induction magnétique
est représentée par un vecteur habituellement noté
B. L'induction
magnétique est mesurée en webers / m²; 1 weber / m² = 104
gauss
Le lien avec l'électricité
: l'électromagnétisme.
Le magnétisme et
l'électricité sont les deux facettes d'une même interaction fondamentale,
l'interaction électromagnétique, décrite par les équations
de Maxwell.
Loi
de Biot et Savart.
Tout courant crée
un champ magnétique.
Comme découvert
par Ørsted en 1820, un fil parcouru par un courant électrique génère
un champ magnétique circulaire autour de lui. La loi de Biot et Savart
permet de calculer ce champ. Pour un élément infinitésimal de conducteur
parcouru par un courant I, le champ magnétique en un point P est
donné par :

Pour l'ensemble du
conducteur, on intègre :

Où μ0​
est la perméabilité magnétique du vide (4π.10−7 H/m);
I
est l'intensité du courant; dl est le vecteur élément
de longueur du conducteur; r est le vecteur position allant de l'élément
dl.
vers le point d'observation; r est la distance entre dl
et P. NB : les caractères en gras signalent des vecteurs;
le symbole Λ est celui du produit
vectoriel.
Loi
de Lenz-Faraday.
Tout champ magnétique
variable crée un courant électrique.
Inversement, un
champ magnétique qui varie dans le temps à travers un circuit électrique
y induit un courant. C'est le principe de l'induction électromagnétique,
découvert par Faraday, qui est à la base du fonctionnement des générateurs
électriques, des transformateurs et des plaques à induction. La loi de
Lenz-Faraday décrit la force électromotrice (f.é.m)
induite dans un circuit lorsqu'il y a une variation du flux magnétique
ΦB​
à travers ce circuit :

Où ΦB
(=∫B.dS) est le flux magnétique
à travers une surface S; B est le champ magnétique; dS
est un élément de surface. Le signe moins traduit la loi de Lenz, qui
stipule que le courant induit s'oppose à la variation du flux magnétique
qui l'a engendré.
Comportement des
matériaux dans un champ magnétique.
Les matériaux réagissent
différemment à un champ magnétique en fonction de leur structure atomique
et des interactions entre spins électroniques. Les principales catégories
sont le diamagnétisme, le paramagnétisme, le ferromagnétisme, l'antiferromagnétisme,
le ferrimagnétisme et les comportements complexes observés dans les matériaux
composites ou nanostructurés. Sous contraintes thermiques ou mécaniques,
ces comportements peuvent se modifier, donnant lieu à des effets couplés
magnéto-mécaniques. Les matériaux supraconducteurs et composites présentent
quant à eux des réponses plus complexes,notamment des états de piégeage
du flux magnétique et des pertes énergétiques spécifiques.
Diamagnétisme.
Certains matériaux
sont dits diamagnétiques. Dans ce cas, les électrons orbitant
autour du noyau génèrent de petits courants qui s'opposent au champ magnétique
appliqué, produisant une faible répulsion. Cette propriété est universelle
mais très faible, ce qui la rend souvent masquée par d'autres effets
magnétiques. Des exemples courants sont le cuivre, l'or ou le bismuth.
Supraconductivité.
- Certains matériaux deviennent supraconducteurs à très basse température.
Ils expulsent totalement le champ magnétique de leur intérieur par l'effet
Meissner, ce qui les rend parfaitement diamagnétiques. Cette propriété
exceptionnelle est exploitée dans diverses applications technologiques
comme les aimants supraconducteurs pour IRM ou les trains à sustentation
magnétique.
Paramagnétisme.
D'autres matériaux
sont paramagnétiques. Leurs atomes possèdent des moments magnétiques
intrinsèques liés aux spins électroniques, qui s'orientent partiellement
dans la direction du champ externe. Cette orientation temporaire entraîne
une faible attraction vers le champ. Toutefois, lorsque le champ est supprimé,
l'agitation thermique désordonne à nouveau les moments magnétiques,
annulant la magnétisation. L'aluminium, le platine et l'oxygène moléculaire
sont typiquement paramagnétiques.
Ferromagnétisme.
Un comportement
beaucoup plus marqué apparaît dans les matériaux ferromagnétiques.
Le ferromagnétisme est la forme la plus
forte et la plus connue du magnétisme. Dans les substances ferroagnétiques,
les moments magnétiques des atomes tendent à s'aligner spontanément
grâce à des interactions d'échange, créant de larges régions homogènes
appelées domaines magnétiques ou
domaines de Weiss. Lorsqu'un champ externe est appliqué, ces domaines
s'orientent et la magnétisation peut persister même après la disparition
du champ, phénomène connu sous le nom d'hystérésis. Le fer, le cobalt
et le nickel en sont les exemples les plus connus.
Antiferromagnétisme.
Certains matériaux
présentent un comportement intermédiaire appelé antiferromagnétisme.
Dans ces substances, les moments magnétiques voisins s'alignent de manière
antiparallèle, annulant la magnétisation globale à basse température.
Cependant, sous l'action d'un champ, de faibles effets magnétiques peuvent
être observés. Le dioxyde de manganèse et l'hématite illustrent ce
type d'ordre.
Ferrimagnétisme.
Une autre variante
est le ferrimagnétisme. Contrairement à l'antiferromagnétisme,
les moments antiparallèles n'ont pas la même intensité, ce qui entraîne
une magnétisation nette mais généralement plus faible que celle des
matériaux ferromagnétiques. Les ferrites, utilisées dans les têtes
de lecture et certains transformateurs, sont des exemples typiques. |
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